Irak. Selon un haut diplomate saoudien, Bagdad a d'ores et déjà accepté la résolution 1441 de l'ONU, malgré l'ambiguïté qui persiste sur ce document. Hans Blix, l'homme clé du dispositif du désarmement. Immense manifestation à Florence. L'Irak s'orientait hier vers l'acceptation des reprises des inspections en désarmement, tandis que les Etats-Unis faisaient dans la surenchère à travers des fuites savamment orchestrées sur les préparatifs de guerre de George Bush. Le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud Al-Fayçal, a déclaré au Caire que l'Irak avait accepté la résolution 1441 de l'ONU après avoir obtenu l'assurance de la Syrie, membre du Conseil de Sécurité qui a voté la résolution, qu'elle ne prévoyait aucune automaticité de l'action militaire. Le diplomate saoudien a fait cette déclaration à la fin d'une réunion de concertation inter-arabe, au niveau de la Ligue. «Les ministres arabes ont favorablement accueilli l'acceptation par l'Irak de la résolution du Conseil de Sécurité qui ne prévoit pas d'attaque contre Bagdad», a déclaré le ministre saoudien. Pendant ce temps, des responsables américains indiquaient que le président George Bush avait affrété, il y a déjà plusieurs mois, un plan d'attaque contre l'Irak qui prévoit la mobilisation de 200.000 à 250.000 soldats. Selon le New York Times, l'intervention américaine débuterait par une campagne aérienne qui devrait durer moins d'un mois. À l'exemple de la campagne afghane, de petits groupes des forces spéciales seraient infiltrés en Irak. Ils auraient pour mission d'orienter les bombardements vers leurs objectifs. Le plan Bush prévoit l'installation rapide de têtes de ponts dans le Nord, le Sud et l'Ouest. Ces têtes de ponts serviraient de bases aux troupes américaines pour pénétrer plus profondément en Irak et couper les chefs militaires irakiens de leurs différents centres de commandement. Au moins 500.000 anti-mondialistes ont manifesté, samedi à Florence en Italie, leur opposition à une guerre contre l'Irak. Les manifestants, encadrés par la gauche alternative, avaient déployé de grandes banderoles portant les slogans «non à la guerre». Ils ont annoncé l'organisation d'une journée européenne contre la guerre en Irak, le 15 février prochain, qui sera précédée par des manifestations dans tous les pays d'Europe, entre la mi-octobre et la mi-janvier. La résolution 1441 passe pour une chance d'éviter la guerre, que doit saisir Bagdad en désarmant systématiquement. La France, qui avec la Russie, a tenu tête aux Etats-Unis pour imposer un passage obligé par le Conseil de Sécurité avant de décider d'une quelconque frappe, s'est réjouie du triomphe de sa position. Bagdad a estimé hier que la résolution 1441 avait «mis en échec le complot que Washington tramait contre l'Irak, qui consistait en un recours automatique à la guerre». «Le refus populaire arabe, européen et mondial des plans agressifs américains contre l'Irak et la prise de conscience des autres pays des motivations et des desseins de la campagne contre la nation arabe et les intérêts des autres pays ont démasqué le complot qui se tramait», écrit le journal gouvernemental Al-Joumhouria. L'organe du Parti Baath ajoute que «la levée de l'embargo, qui frappe l'Irak depuis 1990 est un droit que le Conseil de Sécurité se devait d'honorer pour sauvegarder le prestige des Nations-unies et faire prévaloir la justice et l'équité, loin des fanfaronnades de Bush le petit et de ses tentatives de s'immiscer dans les affaires intérieures de l'Irak». Le compte à rebours a donc commencé en Irak qui a jusqu'au 15 novembre pour accepter la résolution du Conseil de Sécurité et jusqu'au 8 décembre pour fournir une liste exhaustive de « tous les aspects» de son programme d'armes de destruction massive. En cas de nouvelle violation «substantielle» constatée par les inspecteurs de l'ONU, qui doivent avoir un accès «inconditionnel, sans entraves et immédiat» aux sites suspects, le Conseil de Sécurité se réunirait sur le champ pour évaluer les conséquences. L'Ambiguïté persiste tant ce document permet à chaque partie d'y voir un succès pour elle. Mais, le sort de l'Irak repose désormais sur Hans Blix, le chef des inspecteurs en désarmement qui a la redoutable responsabilité d'informer le Conseil de Sécurité du degré de collaboration de Bagdad.