Bachar Al Assad est un homme de parole. Les forces armées syriennes ont achevé, jeudi, la première phase de leur redéploiement au Liban. Après le slogan de l'indépendance vis-à-vis de la Syrie, Bush appelle à la liberté politique et religieuse du Liban. L'armée et les renseignements syriens ont achevé, le jeudi 17 mars, la première phase de leur redéploiement vers l'est du Liban dans la vallée de Békaâ et la Syrie. Le redéploiement, qui a nécessité 10 jours, a été annoncé, à l'Associated Press, par un haut officier libanais : "Ils ont fini leur redéploiement". L'officier, qui a préféré l'anonymat, s'est refusé à donner plus de détails en expliquant qu'un communiqué serait diffusé dans les prochaines 48 heures. En effet, Syriens et Libanais sont convenus, au début du ce mois, que les troupes et les renseignements syriens se retirent vers l'est du Liban, dans la vallée de la Békaâ, ou encore en Syrie avant la fin mars. Des 14.000 soldats syriens présents au Liban, au moins 4.000 sont retournés en Syrie au cours de la semaine passée. Les autres restent dans la Békaâ. Sans donner aucune date, le président syrien Bachar el-Assad, avait promis que toutes les troupes syriennes seraient retirées du Liban. Le redéploiement des forces syriennes survient en prélude au sommet arabe qui sera organisé le mardi 22 mars à Alger. En liban, le général Jamil Sayyed, directeur général de la Sûreté générale au Liban, a lancé jeudi une attaque sans précédent contre la classe politique, mettant dans le même panier, mais sans les nommer, loyalistes et opposants qu'il a accusés de tous les maux que subit le pays. D'autre part, le Premier ministre Omar Karamé, chargé de former un gouvernement d'union nationale, n'a fait aucun progrès dans ses consultations. L'opposition exige le limogeage du procureur général et des chefs de six services de sécurité libanais, ainsi qu'une commission d'enquête internationale sur l'assassinat de Hariri. La crise politique a pris une nouvelle dimension avec la multiplication des demandes pour une démission du chef de l'Etat pro-syrien, Emile Lahoud. Dans ce contexte tendu, le président américain, Georges Bush, avait reçu à la Maison Blanche, le plus haut dignitaire de l'Eglise maronite libanaise, le cardinal Nasrallah Sfeir. Au terme de cette rencontre, Bush a déclaré qu'il aspirait à la liberté politique et religieuse du Liban, rappelant que la Syrie devait quitter le pays pour garantir des élections libres. "Son éminence et moi avons discuté, bien sûr, du Liban et de notre désir profond que le Liban soit un pays libre où les gens peuvent exercer le culte qu'ils souhaitent, parler librement, où les partis politiques peuvent fleurir, un pays basé sur des élections libres", a déclaré le chef de la Maison Blanche lors d'une conférence de presse à l'issue la réunion. Le cardinale Nasrallah Sfeir est le plus haut représentant des 900.000 chrétiens maronites du Liban et opposant de longue date à la main-mise de la Syrie sur le Liban. La religion des chrétiens maronites a été la plus dominante au Liban de 1943, date de l'indépendance du pays, jusqu'à la fin de la guerre civile en 1990 et le transfert du pouvoir aux musulmans. Après avoir versé de l'huile sur le feu déjà déclenché par l'assassinat de Rafic Hariri en qualifiant la présence des troupes syriens au Liban de occupation militaire à l'encontre du Liban et à la légitimité internationale, Bush a émis un nouveau discours sur la liberté politique et religieuse dans le pays. En effet, il a appelé le pays à la "démocratie", aux "élections libres" et à la "liberté religieuse". Bush, qui se prend pour le messager de la justice, la paix et la démocratie dans ce monde, a qualifié le parti du Hezbollah d'organisation terroriste. Toutefois, ne s'aperçoit-il pas que, là où il fourre son nez, laisse toujours derrière lui des victimes, des destructions et des problèmes infinis. À titre d'exemple, l'Afghanistan et l'Irak. Quelle est la vraie intention de Bush? Une question à laquelle il serait difficile de répondre.