La Syrie poursuit le retrait de ses forces du Liban. En même temps, la crise politique que traverse le pays ne cesse de monter crescendo. La Syrie a poursuivi vendredi dernier le retrait de ses forces du Liban. L'armée syrienne a ainsi évacué ses positions dans le nord du pays. Ce retrait est le premier de son genre depuis l'entrée en force au Liban en 1976. Des centaines de véhicules ont été aperçus franchissant la frontière entre jeudi soir et vendredi à midi, rapportent les agences de presse. Ceci vient suite à l'engagement qu'a fait le président syrien Bachar al-Assad à retirer tous ses soldats et agents de renseignement du Liban. L'émissaire de l'ONU Terje Roed-Larsen, reçu samedi 12 mars par le président syrien, devra présenter la semaine prochaine les détails d'un calendrier de retrait total à Kofi Annan. À noter que le retrait des forces syriennes du Liban se fera en application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce retrait s'effectuera en deux étapes. La première verra le redéploiement des forces militaires et des services de renseignement vers la plaine de la Békaa (Est du Liban), d'ici à fin mars. En plus, un nombre important de ces effectifs, y compris les services de renseignement, se retireront complètement du Liban vers la Syrie, durant cette première étape. La deuxième étape, quant à elle, conduira à un retrait complet et total de tous les personnels, du matériel et des services. Par ailleurs, aucune date n'a été communiquée concernant cette seconde étape. Soumis à de fortes pressions internationales, Bachar Al-Assad invoque pour la première fois un retrait des agents du renseignement du Liban. Bien que leur nombre exact demeure inconnu, des experts occidentaux estiment ce nombre à quatre mille hommes. Parallèlement, la crise politique à Beyrouth est loin de s'achever. L'opposition anti-syrienne, dont le poids politique a été brutalement relativisé par la manifestation monstre organisée jeudi à Beyrouth en faveur de Damas, se montre sourde à l'offre de participer à un gouvernement d'union nationale sous l'égide d'Omar Karamé. L'opposition anti-syrienne a appelé à un rassemblement lundi sur la place des Martyrs, dans le centre de Beyrouth, un mois après l'assassinat le 14 février de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri dans un attentat à l'explosif, qui a coûté la vie à au moins 18 autres personnes. Depuis cette date, des milliers de Libanais, bannière frappée du cèdre au vent, se rassemblent chaque soir sur cette place, qu'ils ont rebaptisée place de la Liberté, aux cris de "la Syrie dehors" et "Liberté, souveraineté, indépendance". Pour sa part, le président libanais Emile Lahoud a mis en garde samedi dernier contre une "catastrophe" si les manifestations se poursuivent au Liban. «Si les manifestations continuent ça et là, il suffira à celui-là même qui a perpétré l'assassinat de lancer une grenade. Qu'en sera-t-il alors de nos enfants?», a-t-il lancé. Le président libanais a ajouté que si l'opposition veut continuer à manifester, un petit pétard mènera à la catastrophe. "Nous ne sommes ni en Géorgie, ni en Ukraine. Nous avons vécu 17 ans de guerre. Cette chose peut arriver à nouveau. Mais nous n'allons pas laisser faire" , a-t-il conclu.