L'extension de l'assurance maladie aux travailleurs non-salariés constitue une étape décisive vers l'atteinte de cette couverture universelle. Au total, 11 millions de personnes profiteront de l'AMO entre assurés et ayants droits, soit 30% de la population. Le Maroc a réalisé d'importants progrès qualitatifs et quantitatifs en matière de protection sociale. Aujourd'hui, 62% de la population marocaine dispose d'une couverture médicale de base contre moins de 20% en 1999. Le Maroc a pour ambition d'atteindre un taux de couverture médicale de 90% à l'horizon 2021. La progression vers un système de couverture universelle est un axe important de la politique de protection sociale du Maroc. Ainsi, l'extension de l'assurance maladie aux travailleurs non-salariés constitue une étape décisive vers l'atteinte de cette couverture universelle. Au total, 11 millions de personnes profiteront de l'AMO entre assurés et ayants droits, soit 30% de la population. Rappelons que l'adhésion au régime se fera de manière progressive avec une priorité pour les professions libérales, médecins, avocats… Car la grande difficulté est l'identification de la population éligible en particulier celle qui opère dans des activités non organisées. Le processus de concertation avec les organismes représentant chaque catégorie a démarré officiellement en novembre 2018. La CNSS qui est le gestionnaire de ce régime obligataire a d'ailleurs déjà tenu plusieurs réunions avec les professionnels de santé. Malgré ces avancées de taille, le système de protection sociale au Maroc se trouve confronté à une multitude de contraintes et de défis qui imposent sa réforme. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait estimé en février dernier que le système de protection sociale au Maroc reste «incomplet, limité et vulnérable» en notant que 60% de la population active n'est pas couverte par un régime de pension et 46% ne bénéficie pas d'une couverture médicale. Le CESE avait appelé à une réforme structurelle de la protection sociale de manière à surmonter les difficultés constatées et garantir aux citoyens une couverture sociale adéquate et pérenne. Par ailleurs, le Maroc devra faire face à un autre défi de taille qui est le vieillissement de sa population à l'horizon 2050. Selon les projections du HCP, le poids de la population de moins de 15 ans devrait chuter à 21,7% en 2030, celui des 15-59 ans se stabiliser à 62,9% et celui de la troisième génération augmenter à 15,4%. Ce vieillissement rapide de la population qui s'explique par la baisse de la fécondité et l'allongement de l'espérance de vie aura de graves répercussions sur les régimes de retraite. La progression du poids relatif des personnes âgées et l'élargissement de la couverture sociale aux salariés non couverts risquent de se traduire par une pression sur les régimes de retraite en place. D'où l'intérêt de veiller aujourd'hui à préserver la viabilité financière des régimes de protection sociale et de s'interroger sur les réformes de leur financement et de leur fonctionnement. Signalons également que la transition démographique, qui s'accompagne d'une mutation épidémiologique aurait comme conséquence une augmentation des dépenses de santé résultant d'une consommation de services de soins et de médicaments des personnes âgées supérieure à celle du reste de la population. Cette situation entraînera des répercussions lourdes sur les finances publiques.