La première journée du championnat de première division nationale de handball n'a pas eu lieu. Motif : les arbitres ont décidé de faire grève, «jusqu'à la résolution des problèmes en suspens». Un débrayage révélateur de l'état d'une discipline, pas au mieux de sa forme… On le savait, ou plutôt on le pressentait depuis la Coupe arabe des clubs vainqueurs de coupe, qui s'est tenue dernièrement à Casablanca. La première journée du championnat national de première division n'a pu démarrer, faute d'arbitres. Ces derniers l'avaient fait savoir par El Kouch, le président de l'Amicale marocaine des arbitres de handball (AMAHB), qui avait annoncé le boycott par les arbitres de cette première journée. Et donc le bras de fer entre les hommes en noir et la Fédération royale marocaine de handball (FRMHB) a débouché sur un faux-départ de la compétition. Les questions de la sécurité sur les terrains et celle des indemnités seraient les principales causes de ce débrayage. Du côté de la fédération, on fait savoir que la question des indemnités n'est pas du ressort de l'instance fédérale et qu'il s'agit de voir du côté des clubs pour trouver une solution à ce problème. «Car, si une équipe ne se présente pas sur le terrain, que la partie n'ait pas et que l'arbitre ne perçoive pas ses indemnités, on ne voit pas en quoi la Fédération serait responsable». De son côté, Abdelilah Rokchi, membre fédéral, a souligné fort diplomatiquement que les arbitres sont des acteurs essentiels de la pratique du handball et que si ces derniers ont le droit d'avoir des revendications, «ce moment était peut-être mal choisi de procéder à ce boycott dès la première journée». En disant cela, il soulignait que le «problème finirait par être résolu» et que la FRMHB restait ouverte au dialogue. Au début était une lettre ouverte adressée par l'Amicale marocaine des arbitres de handball (AMAHB) à la Fédération royale marocaine de handball le 29 janvier dernier, et comprenant un certain nombre de revendications, dont la sécurité sur les terrains. Vexés par le «silence» de l'instance fédérale, les referees ont décidé «à l'unanimité» de ne pas officier les matches de la première journée du Championnat de première division nationale, prévue ce week-end, et ce «jusqu'à la résolution des problèmes en suspens». Une «unanimité» remise en cause par un certain nombre d'autres hommes en noir qui ne sont pas d'accord pour la grève et qui estiment que « ce n'est pas ainsi que l'on forcera la main à la Fédération», et qui l'ont fait savoir, également par communiqué. Une troisième tendance aurait voulu partager la poire en deux en donnant d'abord la priorité au dialogue, avant, si nécessaire, de procéder à des actions telles que le port du brassard lors des matches, etc. A l'instar d'autres discipline, l'arbitrage a souvent été l'objet de polémiques en handball. Que ce soit pour la fréquence des matches accordés aux uns et pas aux autres, en matière de sécurité ou encore sur le plan de la compétence tout court. Force est de constater que cette crise intervient au moment où le handball est au plus mal. La piteuse prestation du sept national aux championnats du monde qui se sont déroulés au Portugal est encore présente dans toutes les mémoires. Et la remarquable performance de la Rabita de Casablanca, qui est parvenue en finale de la Coupe arabe des vainqueurs de coupes ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt ! Car les véritables problèmes du handball, tout le monde les connaît. Il s'agit d'abord de l'absence d'un championnat national de haut niveau et compétitif aux niveaux régional et international. Pour ce, il est nécessaire d'établir «un calendrier précis et dont les formules et détails techniques sont connus d'avance par les clubs». C'est l'avis de Noureddine Bouhaddioui, le sélectionneur national et entraîneur du CODM. Celui-ci a récemment déclaré à la MAP que si le Mondial du Portugal et la coupe arabe des vainqueurs de coupes ont retardé le démarrage du championnat, «on aurait dû éviter ce retard et débuter les compétitions nationales dès le mois d'octobre tout en prévoyant une trêve pour le déroulement des deux manifestations». Le coach, qui dénonce «l'absence d'une vision d'ensemble et d'une véritable stratégie d'avenir (…)», ne cache pas son pessimisme pour ce qui est de cette saison. On le voit donc, le mouvement des arbitres est révélateur de l'état de santé de notre handball national : pas vraiment au mieux de sa forme. Et l'on n'a pas évoqué aujourd'hui la situation des joueurs… Injoignable dimanche, le président Abdelmoumen Jaouhari, et tout son staff ont bien du pain sur la planche. A condition de prendre la bonne direction.