Avec l'aide de sa fille, un homme falsifiait les timbres du fisc des boissons alcoolisées frelatées et des cigarettes importées périmées, ainsi que les vignettes des voitures. Ils ont été arrêtés par les éléments de la brigade urbaine de la PJ de Casablanca-Anfa. Un quinquagénaire fréquentant souvent un café situé près d'une station d'essence, sise au boulevard Bordeaux, à Casablanca et circulant à bord d'une Peugeot Partner, immatriculée au Maroc, traficote dans les boissons alcoolisées sans autorisation. C'est l'information recueillie par la Brigade urbaine de la PJ de Casablanca-Anfa auprès d'un indicateur. Aussitôt, les instructions ont été données pour mener une enquête minutieuse afin de mettre hors d'état de nuire cette personne qui semble être un gros trafiquant de boissons alcoolisées sans autorisation. Une surveillance permanente menée par les limiers de la Brigade urbaine de la PJ de Casablanca-Anfa s'est soldée par l'arrestation de Houcine B, âgé de cinquante-quatre ans. «Votre carte d'identité nationale, s'il vous plaît», lui demande le chef de la brigade. Houcine n'en dispose pas. Il a en a seulement trois photocopies, que l'un des limiers a scrutées attentivement. « C'est quoi ça ? », demande-t-il en se tournant vers son chef pour lui livrer les trois photocopies. D'une main à l'autre, les trois photocopies de la carte d'identité nationale ont fait le tour des limiers de la brigade. Le chef s'est tourné vers Houcine pour lui demander des explications. «Pourquoi les dates de validité de cette carte diffèrent d'une photocopie à l'autre ? ». Houcine a froncé les sourcils et gardé le mutisme, comme s'il venait, lui-même, de découvrir cette différence. Après lui avoir mis les menottes, les enquêteurs ont commencé à fouiller à l'intérieur de sa voiture. Ils ont mis la main sur trois feuillets portant des logos de paquets de cigarettes, de marque Marlboro, quatre vignettes de voitures, année 2005 et un imprimé portant un cachet de l'Administration des douanes. Il semble que tout ce qu'ils ont saisi est falsifié. Aussitôt, Houcine a été conduit à son domicile, à la résidence Al Fath, au quartier Bourgogne, pour y effectuer une perquisition. Et ils ont été pour le moins surpris par ce qu'ils ont découvert : 4.280 faux timbres de l'Administration des douanes concernant les boissons alcoolisées, 178 faux timbres de la Régie des tabacs, 86 faux-timbres du ministère de l'Industrie, service autonome des boissons alcoolisées, concernant le whisky. D'où lui sont venus tous ces faux-timbres et fausses-vignettes ? «C'est ma fille qui les falsifie», finit-il par avouer. Arrêtée, sa fille, Karima, âgée de vingt-huit ans, a avoué avoir été incitée depuis trois ans par son père pour falsifier des timbres attestant que les impôts sur les boissons alcoolisées (frelatées) et les cigarettes importées de l'étranger périmées ont été payés, ainsi que les vignettes des voitures. Et pour ce, il lui a acheté deux ordinateurs, un scanner et une imprimante. Karima, qui a décroché un diplôme en informatique et qui travaillait dernièrement dans une boutique de prêt-à-porter, a affirmé aux enquêteurs qu'elle ignorait tout des activités de son père, ainsi que des clients qui achetaient ses produits. Soumis à interrogatoire, Houcine, originaire de Tafraout, a avoué aux limiers qu'il disposait d'un commerce pour les produits alimentaires à Tanger. «J'ai été marié à deux femmes, mais je les ai répudiées pour en épouser une troisième», a-t-il expliqué aux enquêteurs. Depuis, il a fait faillite, a tourné le dos à son commerce et a regagné Casablanca en compagnie de son unique fille, Karima, après avoir divorcé la troisième. Au fil du temps, il a été embauché comme agent commercial, dans une société important des boissons alcoolisées et les distribuant sur le marché local. Toutefois, son salaire ne répondait pas à ses besoins et à ceux de sa fille, qui poursuivait à l'époque ses études dans un établissement privé d'informatique. Il a rencontré, au fil des jours, des personnes qui trafiquent dans les boissons alcoolisées frelatées. Ces derniers lui ont proposé de les rejoindre, en falsifiant des timbres. Ils l'ont encouragé, tout en lui expliquant que ces timbres diffèrent de couleurs selon le contenu et la marque ; les timbres de couleur blanche de l'Administration des douanes pour les bouteilles de gin, vodka, rhum et pastis de 70 cl, les timbres gris et bleus de la même administration pour les mêmes marques respectivement de 50 et 35,50 cl. Et les timbres de couleur jaune du ministère de l'Industrie, service autonome de boissons alcoolisées, pour le whisky. En recevant des échantillons des timbres, il a recouru à sa fille qui a commencé le travail après qu'il lui eut acheté les appareils informatiques. De fil en aiguille, il a commencé à développer son champ d'activité en commençant à falsifier les timbres de tabac et les vignettes de voitures. Le mis en cause, qui n'a pas révélé le prix avec lequel il liquidait sa «marchandise» ni le nombre des timbres de boissons alcoolisées et de cigarettes et des vignettes de voitures à ses clients a été traduit avec sa fille, jeudi 3 mars, devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Ses complices demeurent en état de fuite.