Le maire de la ville canarienne de Las Palmas et candidat du Parti Populaire (PP) à la présidence du gouvernement autonome des Iles Canaries, José Manuel Soria, vient d'effectuer une visite de travail au Maroc où il a eu des entretiens avec plusieurs personnalités marocaines, dont il nous dresse le bilan… ALM : M. Soria, vous venez d'effectuer une visite de travail au Maroc qui a été qualifiée par certains organes de presse de l'archipel de pré-campagne électorale. Quel est votre commentaire ? José Manuel Soria : Je dis que, premièrement, ma campagne électorale, je la fais aux Iles Canaries et non pas au Maroc. Car, mes électeurs ne se trouvent pas ici mais dans les Iles. Deuxièmement, mon voyage au Maroc entre dans le cadre d'une visite officielle que j'effectue en tant que maire de Las Palmas qui est une ville importante des Iles Canaries où il y a une importante communauté marocaine. Mon objectif, d'ailleurs, est de profiter du climat de détente que connaissent actuellement les relations entre le Maroc et l'Espagne pour améliorer les relations entre les Iles et le Maroc. Je dois aussi préciser que mon voyage a été organisé à travers le ministère des Affaires étrangères en Espagne et l'Ambassade d'Espagne à Rabat qui s'est chargée de préparer l'agenda de la visite. Ainsi, j'ai des rencontres avec le ministre d'Etat, Abbas El Fassi, le secrétaire général du ministère du Tourisme, Hassan Kacimi, le président de la Communauté urbaine de Rabat, Omar Bahraoui et le Wali de Rabat-Salé, Hassan Amrani. Pouvez-vous nous préciser l'objectif de la visite et les résultats de vos entretiens avec les personnalités marocaines que vous avez rencontré ? D'abord, l'objectif de la visite est d'approfondir les relations bilatérales entre le Maroc et les Iles Canaries. Car, j'estime que nous ne pouvons aborder les dossiers d'intérêt commun que dans une atmosphère de détente et d'entente. Et comme je sais qu'il y a des forces politiques aux Iles Canaries qui sont hostiles aux intérêts du Royaume du Maroc, je pense qu'il nous incombe de dépasser cette politique dans le futur… Quelles sont ces forces ? Les nationalistes qui défendent les intérêts du Polisario. C'est pour cela, que nous, nous pensons que cette question doit être traitée uniquement dans le cadre du droit international en respect des résolutions des Nations Unies. La position des Iles Canaries doit s'aligner sur la position du Royaume d'Espagne que l'on peut résumer comme une politique de "neutralité positive". Qui veut dire… ? Cela veut dire qu'il existe actuellement une proposition de l'envoyé spécial James Baker et qui a été transmise au Maroc et autres parties concernées et que l'Espagne attend que les intéressés dont le Maroc précisent leur position sur cette proposition. Ainsi, dans le cadre onusien, l'Espagne ne peut que soutenir les décisions de cette instance internationale. Vous voulez dire que si l'Espagne adopte le plan Baker, l'Espagne le soutiendrait ? Absolument. Car, à ce moment-là, ce sera une décision des Nations Unies. Quels sont les secteurs où la coopération avec le Maroc intéresse les Iles Canaries ? Comme j'en ai fait part aux responsables marocains que je viens de rencontrer, il existe plusieurs possibilités de partenariat entre les entreprises canariennes et marocaines. Vous savez que le tourisme occupe une place importante dans notre économie avec plus de 80%. Et nous devons voir dans la volonté marocaine de développer son industrie touristique comme une occasion de développer notre partenariat dans ce domaine. Nous ne considérons pas que le tourisme marocain constitue une concurrence, et nous devons le voir dans le cadre de la complémentarité. Nous pouvons donc travailler ensemble en échangeant les expériences. Qu'il s'agisse des infrastructures, des services parallèles ou des installations complémentaires du tourisme comme le golfe, les sports aquatiques. Aussi, nous pouvons apporter un savoir-faire dans le domaine de la formation professionnelle du secteur. Il y a donc un très grand chantier de travail que nous pouvons construire ensemble. Mais, pour ce faire, il faut qu'il y ait un climat d'entente politique. Une entente qui ne peut être effective, à mon avis, s'il n'y a pas une véritable connaissance de l'autre. C'est pour cela que j'ai proposé qu'il y ait des échanges d'étudiants entre les universités marocaines et canariennes afin de former des connaisseurs de la culture arabe et qui parlent arabe par exemple. Pouvez-vous nous dresser un bilan de vos rencontres avec les responsables marocains ? Avec le secrétaire général du ministère du tourisme, nous avons parlé des nouvelles données de ce secteur au Maroc et des perspectives de développement dans la côte ouest marocaine. Lors de ma rencontre avec le wali de Rabat-Salé, nous avons parlé du problème de transport aérien et il nous a donné la possibilité d'utiliser l'aéroport Rabat-Salé pour des vols directs entre les Iles et le Maroc. Nous avons aussi évoqué avec le président de la communauté urbaine de la capitale sur une éventuelle institutionnalisation des relations entre nos deux villes. Enfin, le ministre d'Etat et secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, qui est un parti proche du Parti Populaire espagnol, m'a parlé de la situation politique actuelle, du gouvernement de la coalition et des réformes qui se font au Maroc. • Propos recueillis par Omar Dahbi et Abdellah Chankou