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"Il ne faut pas affaiblir les partis"
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 28 - 02 - 2003

À quelques jours de la fin des cent jours de grâce du gouvernement Jettou, Me Mustapha Ramid, chef du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD), chef de file de l'opposition parlementaire, passe en revue des questions d'actualité nationale et internationale.
ALM : Me Mustapha Ramid, le gouvernement dirigé par Driss Jettou accomplira la semaine prochaine les cent jours de grâce. Quelle appréciation faites-vous de son travail ?
Me Mustapha Ramid : Nous avions dit, dès la création de ce gouvernement, qu'il ne réunissait pas les conditions nécessaires à un exécutif censé appliquer des réformes et des changements pour remédier à la situation du pays qui souffre de la détérioration dans plusieurs domaines. Il y a le nombre des partis qui le composent, le nombre des ministres et le niveau de compétence de certains d'entre eux entre autres handicaps.
C'est pour cette raison que nous ne sommes guère étonnés, après l'écoulement de cent jours, de constater de la faiblesse de son rendement. Durant toute cette période, cette équipe n'a donné aucun indice sur sa capacité de réaliser un quelconque projet important. Bien au contraire, ses initiatives ont été négatives. La dernière en lice est la présentation du projet de loi contre le terrorisme.
Sur le plan économique ?
Le redressement économique nécessite des mesures générales et ne peut qu'entrer dans un cadre global. Et tant qu'il y a une administration et une justice telles que les nôtres, et tant qu'il n'y a pas de code du travail adéquat qui organise les relations entre l'employeur et l'employé, il n'y aura jamais de redressement économique.
À ce niveau, on constate que le gouvernement n'a pris aucune initiative qui puisse créer une dynamique économique.
Ainsi, notre administration territoriale demeure très mauvaise et la corruption y est encore très enracinée…certains agents d'autorité utilisent encore leur pouvoir à des fins personnelles et ne se préoccupent pas des intérêts suprêmes de la nation. Tout cela ne fait qu'entraver le développement économique.
Dans la démocratie, outre son rôle de contrôleur de l'action gouvernementale, l'opposition est aussi une force de suggestion. Dans le camp de la majorité, on vous accuse de ne pas jouer rôle et de vous contenter de la critique des initiatives gouvernementales. Qu'en pensez-vous ?
À mon tour, je voudrais leur poser la question suivante : quelle force de suggestion avez-vous été lorsque vous étiez dans l'opposition et même lorsque vous avez formé le gouvernement de l'alternance, ainsi que dans l'actuel gouvernement ?
Par contre, de notre côté, nous avons fait plusieurs propositions au gouvernement. Malheureusement, l'équipe gouvernementale refuse toutes nos suggestions…
Par exemple ?
Il y en a plusieurs. Dans le cas de la question de la femme, qui a suscité une grande polémique, nous avons présenté une proposition de loi visant à simplifier la procédure du divorce. Mais, notre proposition a été refusée par l'ancien gouvernement et nous attendons la réponse de l'actuel exécutif qui ne s'est pas prononcé jusqu'à maintenant. Aussi, faut-il rappeler que lorsque nous étions en train de débattre la loi de libéralisation du secteur des tabacs à l'occasion de la loi des finances, nous avions suggéré au gouvernement d'augmenter la taxe sur le tabac de 52% à 60% à condition que les 8% de différence soient destinés aux centres nationaux d'oncologie. Le gouvernement refusa. Nous avons fait des propositions fiscales visant à encourager les investissements et le gouvernement ne nous a même pas écoutés…
C'est pour cela que je vous dis que se comporter en tant que force suggestive avec un tel gouvernement, comme ses prédécesseurs d'ailleurs, n'est pas productif.
Depuis quelques semaines, on a l'impression que le débat politique, qui est censé être le générateur de la dynamique de développement démocratique, s'est arrêté. Le pays paraït être entré dans une sorte d'hibernation politique. Comment voyez-vous ce phénomène ?
Le vide politique est très dangereux car il permet l'apparition de phénomènes très négatifs dans la société. C'est pour cela que nous insistons sur le fait qu'il est dans l'intérêt du pays d'avoir des partis politiques forts et représentatifs. Car, tout ce qui est de nature à affaiblir les partis affaiblira l'Etat.
Personnellement, j'estime que cette "hibernation" politique est due à plusieurs raisons qui doivent être définies et étudiées afin d'être évitées.
Le PJD est sorti renforcé des élections législatives du 27 septembre après les résultats qu'il a obtenus. Les observateurs estiment que ce score "record" a fait en sorte que votre parti ait changé de stratégie et qu'il est devenu plus ambitieux qu'il ne l'était auparavant. Qu'en dites-vous ?
Nous considérons que le résultat que nous avons obtenu le 27 septembre dernier nous a donné plus de responsabilité et exige de nous un surplus d'effort afin d'être à la hauteur des aspirations des citoyens qui ont voté pour nous. Pour ce, nous travaillons donc pour affronter les défis de la nouvelle ère. D'ailleurs, nous sommes le groupe parlementaire le plus dynamique et notre parti veut prouver qu'il mérite plus de la confiance des citoyens.
Pour ce qui est du changement d'ambition dont vous parlez, c'est vrai et c'est tout à fait légitime.
Effectivement, nous aspirons à jouer un rôle constructif et positif plus important dans cette nouvelle étape qu'entreprend le Maroc. Et si tous les partis politiques avaient cette ambition, on ne serait pas arrivé à cette situation d'"hibernation" dont nous avons parlé.
Étant le parti le plus important de l'opposition, on s'attendait à ce que vous tentiez de créer un pôle de l'opposition en regroupant les autres formations, mais il semble que vous préférez faire cavalier seul. Pourquoi ?
À ce propos, ce que nous regrettons le plus est que le gouvernement Jettou, pour ne pas se heurter à des problèmes ou à des blocages, s'est empressé de regrouper tous les partis ayant une véritable présence politique. Ce qui fait que, de toutes les formations fortes, il n'en est resté en dehors de la coalition gouvernementale que le PJD. Pour les deux autres partis, on peut dire qu'ils ont joué un rôle durant l'ancienne ère, mais actuellement on leur a tourné le dos. Ils sont donc presque absents de la vie politique tant au sein du Parlement qu'à l'extérieur. Cela n'empêche que nous sommes disposés à collaborer avec tous ceux qui veulent œuvrer dans l'intérêt du pays, à condition qu'ils fassent preuve de dynamisme.
À l'approche des élections communales, vous attendez-vous à réaliser des résultats aussi importants que lors des législatives ?
Je pense que, du côté des autorités, on est en train de préparer un certain nombre de mécanismes pour limiter le score du PJD lors des communales. Certains sont apparents, comme au niveau organisationnel, alors que d'autres sont secrets. Mais, la nature de ces élections est différente des législatives, et l'argent y jouera un très grand rôle. Pour le PJD, je pense que nous obtiendrons des résultats assez bons, mais ils ne refléteront pas la véritable dimension du parti.
Quelle est votre conception d'une commune gérée par le PJD ?
Une commune gérée par notre parti est une commune où les fonds publics sont protégés et ne sont utilisés que dans l'intérêt public. En plus, les membres de la commune doivent être des gens qui sont toujours au service du citoyen et à l'écoute de ses préoccupations. Aussi, nous insistons sur la transparence de la gestion afin d'éviter la corruption…
Mais comment peut-on garantir cette transparence…avez-vous prévu des mécanismes de contrôle ?
Premièrement nous imposerons à tous nos conseillers communaux de déclarer au parti leurs biens ainsi que ceux de leurs conjoints et enfants. Deuxièmement, les instances régionales du parti recevront des directives pour établir des rapports périodiques sur le rendement des conseillers. Sans oublier, évidemment, la sélection préalable car nous ne sommes pas comme les autres formations qui présentent n'importe qui et ne s'intéressent qu'aux résultats annoncés au lendemain des élections tout en sachant qu'ils perdent leur trace après.
Pourquoi, à votre avis, les partis islamistes en général dont le PJD font-ils peur ?
Je ne pense pas que nous faisons peur à quelqu'un. Mais, le problème existe chez l'autre. De mon côté aussi, les partis laïcs me font peur. Car, l'élite occidentaliste a des principes différents et veut que le Maroc se dirige dans un certain sens…mais ce qui me fait peur c'est que l'autre (le parti laïc) cherche à réquisitionner ma manière de penser. Dans ce cas, c'est une peur mutuelle qui est logique.
Mais, on vous accuse d'être contre la modernité. Etes-vous anti-modernistes ?
La réponse à votre question reste assujettie à une définition précise de la modernité. Si la modernité veut dire une meilleure situation sociale du citoyen, plus de liberté responsable, la consécration de l'Etat de droit, l'ouverture équilibrée, l'encouragement de l'art noble ou une société civile active…nous sommes des défenseurs de la modernité. Mais, si la modernité dont vous parlez est basée sur un éloignement systématique des valeurs religieuses, je dirais que nous ne sommes pas modernistes.
Vous prenez parfois des initiatives qui ont des répercussions négatives sur le développement du pays. Dans le cas du tourisme, par exemple, vous appelez à l'interdiction des boissons alcoolisées alors que le pays aspire à arriver à dix millions de touristes. Qu'en dites-vous ?
D'abord, dites-moi si vous pensez que le touriste vient au Maroc uniquement pour les boissons alcooliques ?
En plus, nous n'avons à aucun moment appelé à l'interdiction des boissons alcoolisées pour les touristes. Le problème est que ces boissons se trouvent partout. D'ailleurs, on les trouve dans environ deux cents points de vente à Casablanca par exemple. On les trouve aussi dans les hypermarchés, et ne me dites pas que les touristes vont les chercher dans ces endroits. Aussi, je ne vous parlerai pas des répercussions de leur consommation dont les accidents de circulation…etc. À cette occasion, je tiens à vous informer que nous comptons présenter une nouvelle proposition de loi à ce sujet où nous ne demandons pas l'interdiction des boissons alcoolisées dans les grands hôtels.
Dans le même contexte, on citera la demande de fermeture des centres culturels étrangers…
Jamais, nous n'avons demandé la fermeture des centres culturels étrangers. Nous avons juste fait remarquer que ces centres de formation devaient être destinés aux enfants des communautés étrangères résidant en notre pays et qu'au lieu de se limiter à ce rôle, on a constaté que ce sont les enfants d'une certaine élite qui en sont la majorité des élèves. Cela pose le problème des programmes éducatifs, car nous finissons par avoir deux sortes de Marocains ce qui crée une scission au sein de la société. D'ailleurs, je tiens à préciser que dans un entretien avec votre journal, j'avais dit que certains marocains qui étudiaient dans ces centres finissaient par perdre leur "identité" et non pas leur "nationalité".
Comment voyez-vous ces nouveaux phénomènes sociaux comme le cas de la secte des "adeptes de Satan" ?
Nous appelons au retour à l'éducation conforme à nos principes et à nos valeurs. Les parents, l'école et la société en général doivent jouer un rôle essentiel dans la formation d'un citoyen équilibré, responsable et ouvert sur son environnement.
On commence à parler d'une régression dans les libertés publiques. Quelle est la position du PJD ?
Nous sommes l'unique parti politique, exception faite de la gauche Socialiste Unifiée, qui dénonçons ces dérapages. Nous avons publié des communiqués et posé des questions au gouvernement sur la détérioration des droits de l'Homme que nous observons. Et j'ai personnellement, au nom de mon groupe parlementaire, demandé la formation d'une cellule pour être informés sur les cas d'enlèvements des citoyens…. Et nous comptons continuer à faire face à cette régression dans les acquis en matière de libertés publiques. Le dernier exemple est ce nouveau projet de loi dite antiterroriste. Un texte qui marque un retour au fameux dahir dit "tout ce qui est de nature". Certes, nous soutenons tout ce qui vise à immuniser le pays contre toute tentative de déstabiliser la sécurité du pays. Mais, il faut dire que nous ne devons pas le faire dans l'excès. Le texte de loi que le gouvernement a présenté va plus loin que ceux de certains pays qui souffrent vraiment du terrorisme. J'ai moi-même présenté au ministre de la Justice un exposé comparatif entre le texte français et le projet marocain sachant que la France connaît des actes terroristes alors que le Maroc n'a connu qu'un seul cas, celui de Marrakech, et qui reste isolé.
Ne pensez-vous pas qu'en assumant la défense des membres de la cellule d'Al Quaïda cela porte préjudice à l'image du PJD ?
Absolument pas. D'abord, il y a le principe de la présomption d'innocence et tout avocat a donc le droit de défendre son client dans la limite de la loi. Et je dois préciser que dans cette affaire, je suis l'avocat d'un Marocain qui n'a rien à voir avec ce dont on l'accuse. Sa famille est venue me voir parce qu'elle me connaît et je ne pouvais refuser par principe. D'ailleurs personne n'a contesté la légitimité de la position du célèbre avocat Vergès lorsqu'il avait assuré la défense du terroriste Carlos.
Certains avancent que les Etats-Unis considèrent l'Islam comme le nouvel ennemi à combattre. Ma question est inverse : les islamistes considèrent-ils l'Amérique comme un ennemi ?
Nous ne considérons pas l'Amérique comme un ennemi. Mais, nous estimons que l'administration américaine, par sa politique et son comportement nous situe comme un ennemi.
Nous ne pouvons donc pas la prendre pour amie. Et le jour où cette administration changerait de politique vis-à-vis de nos causes, nous aurons d'autres sentiments envers elle. Les Etats-Unis sont donc directement responsables des sentiments que tel pays ou tel autre éprouve pour elle.
Croyez-vous que la solution pour la tension au Proche-Orient réside dans la coexistence entre deux Etats palestinien et israélien?
Nous ne pensons pas qu'Israël ait un quelconque droit d'exister au Proche-Orient. Les juifs peuvent être des citoyens de la Palestine, mais, admettre qu'ils aient un Etat serait légitimer la violation. Il y a des juifs originaires de ce pays et qui ont le droit de s'y installer.
Mais, tous ceux qui y ont immigré doivent retourner à leurs pays d'origine. C'est pour cela que nous soutenons nos frères palestiniens qui disent qu'un Etat qui a été imposé par la force doit disparaître par la force.


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