Pour sa septième édition le Ftour Pluriel avait été placé sous le signe des «Voix Mêlées», la parole en tant que fil conducteur. La parole qui apaise, la parole qui rassure mais aussi la parole qui chante, la parole comme antidote à la haine, au racisme, à la violence. Il y a 7 ans lorsque Marocains Pluriels avait lancé l'idée du Ftour Pluriel, l'initiative était novatrice (certes, le concept avait existé dans les années 80-90 où les ruptures du jeûne réunissant musulmans, juifs et chrétiens étaient répandus en France notamment) mais dans les pays musulmans, au Maroc, cela était nouveau. En 2013 donc lors de la 1ère édition c'est André Azoulay, conseiller de SM le Roi, qui avait cru en l'idée et avait apporté son soutien. Ce premier Ftour Pluriel avait été organisé au Centre socioculturel créé par Si Mohamed Berrada, à Sidi Moumen, et le succès et l'impact avaient été immédiats. Depuis, des associations elles aussi engagées dans le vivre-ensemble ont rejoint les rangs : le Soc, Diapason, et donné au Ftour Pluriel une envergure nationale, en en faisant un événement inscrit dans la tradition. D'ailleurs aujourd'hui ces Ftours de la Diversité sont organisés dans plusieurs endroits du monde, chez nous donc en plus de Casablanca s'est ajoutée Marrakech il y a quelques jours, en Tunisie un événement identique a été organisé à La Ghriba ; en Belgique c'est Bruxelles et en France c'est Toulouse et Sevran qui rejoignent les rangs… Preuve s'il en fallait que les artisans, militants, partisans du vivre-ensemble ont sonné la contre-offensive face à la haine ! Pour sa 7ème édition, cette année donc, le Ftour Pluriel a voulu innover et se déplacer. En effet cette année 2019 a été marquée par la visite du Pape François -à l'invitation de SM le Roi, Amir Al Mouminine- durant laquelle les «Juniors» de Marocains Pluriels ont eu l'honneur et la joie d'offrir au souverain pontife «l'Arganier de la Fraternité». Cette visite ô combien symbolique et représentative de l'esprit qui anime le Maroc les a donc incités à proposer à la Paroisse Saint-Jacques de Mohammedia -avec laquelle les Marocains Pluriels entretiennent de longue date des relations et l'organisation d'activités culturelles et humanitaires- de tenir le Ftour Pluriel dans les jardins de la communauté des Sœurs de Saint François d'Assise au Nid Familial, à Mohammedia. L'esprit de ce moment privilégié de partage reste le même: réunir autour d'une même table de rupture du jeûne, musulmans, juifs et chrétiens – et au-delà même des croyances religieuses – de réunir hommes et femmes de bonne volonté de différentes cultures, origines et appartenances – imprégnés des mêmes valeurs de partage, de diversité, de dialogue et de fraternité qui font le vivre-ensemble. Le choix du slogan «Mêlons nos voix pour ouvrir de nouvelles voies» a permis à plus de 200 convives, de toutes confessions, de toutes origines, de toutes couleurs de partager le pain et le sel mais aussi bien sûr d'entamer un dialogue où les jeunes tenaient une place de choix… En présence de Monsieur André Azoulay – conseiller de Sa Majesté le Roi- et rehaussé par la présence de personnalités emblématiques de ce que notre pays a de cher – de nombreux représentants de différents pays, de représentants des Cultes, d'artistes, de personnalités de la société civile et de très nombreux jeunes, ce Ftour Pluriel a vécu de forts moments d'émotion et de communion, tout particulièrement lorsque unis dans le même geste, tous les participants ont planté un «Arganier de la fraternité» dans le jardin du Couvent, renouvelant le geste fait lors de la visite du Pape François à Rabat. Les Juniors, cadets de Marocains Pluriels, vêtus de tenues traditionnelles ont lu- en introduction- un texte démontrant l'enjeu, pour aujourd'hui et pour demain, de l'événement : «Nous avons établi une belle coutume qui fait qu'à chaque Ramadan- Musulmans, juifs et chrétiens se retrouvent pour partager le repas de rupture du jeûne, geste symbolique commun aux 3 religions : «le partage du sel, le partage du pain». En ces temps douloureux où les clameurs du rejet de l'Autre et de la fracture se font assourdissants, où la haine, le rejet de l'Autre et le racisme gangrènent de façon grandissante les esprits il nous a paru de notre devoir de montrer de façon encore plus forte que nous sommes les héritiers d'une noble tradition, celle du vivre-ensemble ! Alors que les plus fragiles, que les moins initiés sont emportés par ces vents mauvais, alors qu'ailleurs on profane des tombes, que l'on stigmatise des femmes et des hommes parce que juifs, parce que musulmans, parce que chrétiens… au Maroc, musulmans, juifs et chrétiens hissent haut et fort le drapeau du vivre-ensemble et font entendre d'autres voix, donnent à voir d'autres images, font résonner d'autres sons…ceux de la fraternité, ceux de l'amitié!»