Dans quelques jours nous marquerons le triste anniversaire des attentats du 16 mai 2003, dans le même temps débutera le jugement des présumés assassins de Mareen et Louisa -Paix à leurs âmes- tuées dans des conditions d'une effroyable barbarie à Imlil. Dans notre pays, Dieu merci, la loi permettant de sanctionner les cas de radicalisation et de terrorisme est à la hauteur de l'enjeu et permet à la justice de se prononcer avec efficacité. Le savoir-faire de nos services de sécurité, quant à eux, n'est plus à démontrer, la population leur en est d'ailleurs très reconnaissante. Pourtant il nous manque un maillon – tant sur le plan législatif que militant – dans la lutte à mener contre le rejet de l'Autre : la barbarie trouve bien souvent ses racines dans le racisme -le plus ordinaire (si je puis le nommer ainsi), le plus banal. Les bras assassins sont bien évidemment armés, et ce sont les mots qui les arment : les mots du racisme (xénophobie, islamophobie, antisémitisme…) les mots de la haine, les mots du rejet… Or aucun article de loi ne permet de sanctionner les actes ou les propos racistes du quotidien, ceux qui blessent, qui font mal, qui humilient, qui rabaissent… bien souvent d'ailleurs ceux qui en sont victimes n'en font même pas état, ils s'en confient à leurs proches, leurs familles sans autre recours. Notre société civile elle-même en est réduite à la réaction faute de prévention, de vigilance sur le long terme ou de structures adéquates. Les outils de lutte contre le racisme sont la culture, l'éducation, la prévention, les actions prônant les valeurs telles que la fraternité, l'ouverture, la connaissance d'autrui, des cultures différentes, la présence sur le terrain par un travail de militant, un travail de fourmi. Le mois de Ramadan qui débute est d'ailleurs souvent un moment privilégié pour s'ouvrir à l'Autre par la piété, le partage, les actes symboliques. A titre d'exemple, les associations de jeunes réunies sous le label Morocco l'Ghedd préparent pour le 17 mai une action baptisée «Plantons la fraternité» que je vous relaterai bien évidemment et pour laquelle les jeunes de Marrakech, Fès, Casablanca, Essaouira et Rabat -pour l'instant- s'organisent. Ce sera également – comme chaque année depuis 7 ans – le Ftour Pluriel des Marocains Pluriels- qui innovent pour cette édition en investissant un nouveau lieu, afin de prolonger le souffle initié par la visite du Pape François à l'invitation de SM le Roi Mohammed VI. En Belgique ce mardi 7 mai, Musulmans, Juifs, Chrétiens et libres-penseurs organisent une marche contre la haine, profondément préoccupés par la montée de la haine dans notre société et le rejet croissant de l'idée d'une société ouverte, tolérante et inclusive ils veulent ainsi montrer qu'ils sont unis pour marcher contre la haine. Cela me rappelle avec force la fameuse marche des beurs, en France, de Marseille à Paris, «Marche contre le racisme», ayant débuté avec une vingtaine de jeunes, elle avait réussi à réunir 150.000 personnes à son arrivée Place Montparnasse. Cela avait été l'acte 1 de mon engagement, je m'aperçois qu'il est toujours urgent de marcher, marcher encore, marcher toujours ! La méconnaissance et l'exploitation de cette méconnaissance entraînent la peur qui elle-même engendre le racisme, la haine… qui hélas peuvent à leur tour déboucher sur la barbarie… mbattre le racisme est la base de la lutte contre toutes les dérives qui visent à supprimer l'Autre, notre pays -à l'instar de tous les autres, dans le contexte que traverse le monde actuellement- a besoin que l'on s'attaque à ce mal : des personnes engagées à différents niveaux dans la société préparent une initiative… Osons la fraternité !