L'affaire de l'augmentation des députés ne cesse de provoquer un beau pataquès au sein du Parlement et dans l'opinion. Fathallah Oualalou, lui, s'en lave les mains. Ce n'est pas moi, c'est lui. Ça se passe souvent comme ça lorsqu'une mesure que l'on savait d'avance impopulaire tourne court. C'est le cas de l'affaire très controversée de l'augmentation salariale des Représentants de la nation qui, apparemment, ont des fins de mois très difficiles. L'argentier du Royaume a tenu à s'en laver les mains en révélant, à l'occasion de la réunion de la commission parlementaire des Finances, que la proposition de faire profiter les députés d'une nouvelle indemnité de 6.000 Dhs n'émanait pas de lui. Selon Fathallah Oualalou, cette proposition a été présentée au Premier ministre par les présidents des deux Chambres du Parlement, Abdelouahed Radi et Mustapha Okacha. Une proposition que ce duo a défendue et que Driss Jettou a approuvés après concertation. Avec qui ? Motus et bouche cousue. Autrement dit, moi Fathallah Oualalou, je n'ai fait qu'exécuter une décision du Chef du gouvernement. En se désolidarisant de son chef , M. Oualalou nous invite en même temps et délicatement à réfléchir sur les dessous de cette histoire. En clair, il nous dit que derrière l'initiative de valoriser le traitement des députés il y a trois hommes : le Premier ministre Driss Jettou et le couple législatif Radi-Oukacha qui, d'habitude, ne s'entendent pas mais qui se sont mis d'accord, une fois n'est pas coutume, sur la nécessité d'arranger la situation financière des parlementaires . Trois hommes et un coup fin. Officiellement, il s'agit d'une indemnité. Mais pour indemniser quoi ? Sur ce point précis, nous sommes face à un véritable pataquès. La confusion totale. Certains parlent d'une compensation forfaitaire du transport, d'autres avancent qu'il s'agit d'une indemnité qui permettra au député de faire son travail de proximité. Oualalou lui-même, qui a tenu à préciser n'avoir fait qu'exécuter une décision prise par le Premier ministre, ne semble pas avoir d'idée sur le sujet. On débloque l'argent et qu'ils en fassent ce qu'ils veulent. Apparemment, connaître d'avance l'opportunité et l'objectif de cette augmentation ne l'intéresse pas. «Tous compte fait, l'indemnité de 6.000 Dhs, souligne un député de l'opposition, ressemble à un cadeau fait par le Premier ministre non pas à l'ensemble des députés mais à sa majorité». Celle-ci a besoin d'un stimulant concret pour continuer à agir dans le bon sens en faisant les gestes qui comptent et qui ne fâchent pas. C'est la moindre des choses que le Premier ministre, en coordination avec M. Radi et Okacha, peut faire en guise de récompense d'une majorité susceptible à tout moment de «dysfonctionner». C'est pour cela que les rouages surtout lorsqu'ils sont complexes ont besoin d'être lubrifiés de temps en temps. Il ne s'est trouvé que quelques députés pour dénoncer cette augmentation en refusant de la toucher. Il s'agit des élus du PJD. Ceux-là, qui font des placements populistes à long terme, sont assurés de récupérer la valeur de leur geste non pas au Trésor mais dans de la rue.