Malgré la méfiance des capital-risqueurs et le caractère embryonnaire de ce mode de financement, de plus en plus de sociétés ont réussi à lever des fonds. Radioscopie d'un marché en gestation à fort potentiel de développement. Involys, Hightech Payment Systems, Omnidata, Chez Paul, Mughamarat, Fenapec… autant de jeunes entreprises qui ont marqué le microcosme économique suite à leur réussite dans la levée de fonds d'investissement auprès des sociétés de capital-risque marocaines. Ce mode de financement innovant des investissements qui a fait ses preuves en Amérique du Nord et en Europe est en phase de balbutiement dans le Royaume. L'existence d'une série de projets financés par de tels fonds est révélatrice du potentiel du développement de cette niche comparativement au financement bancaire traditionnel. Néanmoins, plusieurs facteurs expliquent la rareté du recours à ces fonds. Ainsi, plusieurs professionnels estiment que malgré l'existence de fonds avec des capitaux qui varient entre 50 et 100 millions de DH, très peu de projets sont éligibles. Ce diagnostic critique ne peut pas exclure l'existence de cas réussis. L'apport du capital-risqueur dans l'évolution de l'entreprise peut être déterminant. C'est le cas de l'expérience de la société de développement de logiciels Involys. Dix mois après l'entrée dans son capital du fonds Uplines Technologies, le groupe ONA a décidé de faire partie de son tour de table. « L'entrée du capital-risque a crédibilisé notre positionnement et a permis d'attirer des investisseurs institutionnels de la taille du groupe ONA », indique Bachir Rachdi, PDG d'Involys. La seconde réussite de levée de fonds qui a marqué l'année 2002 est celle qui a été réalisée par la société de développement de solutions bancaires et monétiques « Hightech Payment Systems » (HPS). Elle a pu, en effet, décrocher un financement de l'ordre de 40 millions de DH grâce aux apports conjoints de Upline Technologies et le fonds de la CDG « Accès Capital Atlantique ». La valeur ajoutée d'un capital-risqueur ne se cantonne pas à l'injection de fonds, elle intègre aussi l'accompagnement de l'entreprise. « Cet accompagnement comprend le conseil et la réorientation stratégique ainsi que le regard extérieur froid et critique sur l'évolution de l'activité de l'entreprise », explique Ismaïl Douiri, PDG de la jeune pousse Dial Technologies qui a bénéficié d'un financement du fonds de ‘'CFG développement''. Actuellement, les professionnels recensent seulement des cas de financement et d'entrée dans le capital. Aucune opération de sortie avec une plus-value n'a pas eu lieu. C'est sur ce point que la réussite des fonds de capital-risque sera jugée. Malgré le caractère embryonnaire du marché des fonds de capital-risque, le Maroc dispose d'un potentiel de développement intéressant. Pour preuve, actuellement un fonds dédié au secteur du tourisme est en cours de montage. Il est piloté par CMKD. Compte tenu des investisseurs prévisibles dans ce secteur sous l'effet de levier de la vision 2010, il n'est pas exclu ques les capital-risqueurs s'intéressent davantage au tourisme.