Créé pour venir en aide aux élèves en difficulté, le Centre d'écoute du lycée Ibn Al-Haïtam, à Casablanca, ne désemplit presque pas. Entretien avec Mme Serghini Saâdia, créatrice et coordinatrice du premier Centre d'écoute au Maroc. ALM : Le centre d'écoute du lycée Ibn Al-Haïtam est le premier dans son genre au Maroc. En quoi consiste exactement sa mission? Serghini Saâdia : Ce centre d'écoute a vu le jour le 17 mai 2004 au lycée Ibn Al-Haïtam, à Casablanca. L'idée de créer un centre pareil est innovante et a permis surtout d'offrir un espace de dialogue entre élèves, parents et professeurs. C'est un projet qui a pu fédéré autour de lui un bon nombre de bénévoles, et ce dans un laps de temps très réduit et avec peu de moyens. Il faut aussi préciser que la création de ce Centre d'écoute dans un lycée de 2700 élèves qui se trouve dans un quartier comme celui de Hay Al-Hassani s'imposait à nous. Ce Centre d'écoute est conçu pour venir en aide aux élèves vivant des situations sociales et psychiques difficiles. Ce Centre d'écoute fait également appel à d'autres bénévoles. Quels sont ces spécialistes-là ? Dans l'élaboration de ce projet, nous avons mis les bouchées doubles. Et nous travaillons toujours, avec la même ardeur, pour développer ce projet. Ce Centre d'écoute a pu mobiliser, à titre bénévole, une psychiatre, une psychologue, une assistante sociale et une écoutante. Nous avons également une avocate parmi nous, mais nous ne la sollicitons que dans des cas précis et qui nécessitent vraiment une démarche judiciaire. Avant de bénéficier d'une séance d'écoute, l'élève prend rendez-vous avec la cellule chargée de la réception et du bon déroulement de ces séances. Cette cellule ne compte, en fait, parmi ses membres que des lycéens. Nous avons procédé ainsi parce que nous estimons que l'implication des élèves dans un projet qui les concerne est une démarche plus intéressante et plus enrichissante! Vous venez d'organiser une rencontre avec des parents d'élèves au lycée Ibn Al-Haïtam. Comment s'est déroulée celle-ci ? Eh fait, cette rencontre portait sur le thème : «La communication au sein de la famille ». C'était une occasion de rappeler nos objectifs et de faire connaître aux parents la finalité de nos efforts. Les parents qui ont tenu à assister à cette rencontre ont pu mettre le doigt, en partie, sur certains problèmes de leurs progénitures. Il faut dire aussi que ce Centre d'écoute concerne aussi bien les parents que les élèves. Nous œuvrons pour que les élèves communiquent avec leur entourage, pour les renseigner sur leurs droits et devoirs, mais également pour sensibiliser les familles sur les retombées négatives d'une vie tourmentée sur le parcours scolaire d'un écolier. Quels sont les problèmes les plus récurrents lors de ces séances d'écoute ? Le problème que nous constatons le plus est malheureusement celui d'un grand manque au niveau de la communication entre les lycéens et leurs parents. Il ne faut pas oublier que ces lycéens sont avant tout des adolescents et qu'ils sont en train de traverser une période difficile. Des fois, il y a des élèves qui viennent au Centre d'écoute, mais qu'ils n'ont en fait aucun problème. Ils viennent juste pour parler, pour « se confesser » et pour s'exprimer avec une liberté totale. Normalement, la séance d'écoute est d'une demi-heure. Et puisque nous laissons l'élève s'exprimer, la séance peut durer jusqu'à une heure et même plus. Quand est-ce que cette initiative sera-t-elle généralisée au niveau des autres lycées ? Il y a beaucoup de gens qui m'ont contactée pour avoir une idée précise sur ce Centre d'écoute d'Ibn Al-Haïtam. Ce projet intéresse de plus en plus de lycées qui ont exprimé leurs volontés d'adopter une pareille initiative. Ce centre d'écoute est pourtant loin d'être un idéal, parce que nous ne disposons pas encore d'assez de moyens pour son fonctionnement : matériel informatique, ligne téléphonique…