Une première dans les établissements scolaires. Un centre d'écoute vient d'être créé par Saâdia Serghini, professeur de philosophie et militante associative, au profit des élèves du lycée Ibn Al Haïtam, délégation de Hay Hassani, à Casablanca. ALM : Pourquoi un centre d'écoute pour les élèves ? Saâdia Serghini : D'abord, il faut savoir que l'idée de créer un centre d'écoute n'est pas tombée du ciel. En fait, j'y pensais depuis quelques années et les évènements du vendredi 16 mai 2003 m'ont incitée à redoubler d'efforts pour réaliser ce rêve. Les cas de lycéens ayant des problèmes sociaux, psychologiques et matériels m'ont encouragé à multipier ces efforts pour leur venir en aide et les sauver des situations déplorables qui les empêchent de suivre convenablement leurs études. À titre d'exemple, une fille de parents divorcés et qui est venue chez moi pour l'aider. Son problème est que son père ne les a pas enregistrés, elle et son frère, sur le livret d'état civil. Un autre élève s'est adressé à moi pour me confier que ses parents n'étaient pas mariés et qu'il porte le nom de famille de sa mère, alors que son père est encore en vie et qu'il le reconnaît comme fils. Un garçon qui était dans un état lamentable et déprimé. Donc, j'ai remarqué que l'existence d'un centre d'écoute pour les élèves est indispensable pour les aider, les soutenir et leur rendre confiance en eux-mêmes Et pourtant, une longue période s'est écoulée avant la mise en œuvre avec la participation de l'assistante sociale Atika Sadiki, la psychologue Karima Lamrabet et la militante associative, Malika Ghebbar. Et le rêve a été réalisé, dans l'après-midi du 17 mai 2004. Ce jour-là, le centre d'écoute a ouvert ses portes pour la première fois et il a reçu son premier lycéen. Après quoi, une vingtaine d'autres lycéens se sont rendus au bureau du centre. Et depuis, le centre travaille sans relâche avec un programme organisé. Combien de lycéens avez-vous reçus jusqu'à présent? Et à quels genres de problèmes sont-ils confrontés ? Nous avons reçu entre 30 et 35 lycéens et nous préparons actuellement des dossiers pour chaque élève. Il y a des problèmes de toute nature : sociaux, psychologiques, juridiques et nous avons découvert que des lycéens souffrent de problèmes de santé qu'ils n'ont révélés à personne. A titre d'exemple, un lycéen nous a contactés pour nous faire part de son problème de santé qu'il ne pouvait dévoiler à personne. Alors que sa maladie aurait pu avoir un des effets négatifs sur sa santé, comme l'insuffisance rénale. Quels sont les raisons de ces cachotteries ? D'abord, il y a le problème matériel. Quelquefois, les parents n'ont pas les moyens d'emmener leur enfant chez un médecin spécialiste et se contentent parfois de l'emmener à l'hôpital public. Et en plus, il y a le problème de communication entre les parents et leurs enfants. Résultat : les enfants se renferment sur eux-mêmes. En conséquence et grâce à nos relations personnelles, ce lycéen malade dont je vous ai parlé est pris en charge par un médecin et nous sommes arrivés avec l'association des parents des élèves à lui acheter les médicaments et on va suivre de près son état. Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés à l'ouverture du centre ? Notre objectif principal est la création d'un créneau de communication entre les élèves et leur entourage, ensuite les renseigner sur leurs droits et leurs devoirs vis-à-vis de l'école et de la nation, développer la capacité de ceux qui sont dans des situations difficiles où à risque, voire vulnérables, sensibiliser leurs familles sur les problèmes qui peuvent avoir des répercussions négatives sur leurs études et enfin renforcer leur capacité à l'encontre de leurs problèmes qui peuvent être des obstacles devant leur développement. En gros, on veut créer des élèves citoyens.