Arrêté avant les attentats du 11 septembre, Zakarias Moussaoui est considéré comme le 20ème kamikaze. Passible de la peine de mort, il pose aujourd'hui un dilemme à la justice américaine. Son procès est à nouveau reporté. L'administration américaine souhaite le report au mois de septembre du procès de Zakarias Moussaoui. La nouvelle, rendue publique lundi dernier, a marqué un nouveau tournant dans la procédure judiciaire entamée contre le Franco-marocain. Le procès du seul inculpé aux Etats-Unis dans l'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001, qui devait normalement débuter le 30 juin, a déjà été repoussé à deux reprises ! Et Moussaoui, qui a décidé se défendre seul depuis le début de l'instruction, a encore une fois réussi à faire trébucher la justice américaine. il a ni plus ni moins demandé à pouvoir interroger Ramzi Ben al-Shaiba, le cerveau présumé des attentats, détenu dans un lieu secret par les services américains depuis son arrestation au Pakistan en septembre ! Requête à laquelle la juge fédérale Leonie Brinkema avait accédé vendredi dernier, avant que le ministère de la Justice ne fasse appel. L'administration, qui réclame la peine capitale pour Moussaoui, craint en effet que Ben al-Shaiba ne révèle en public certaines informations. Il a par ailleurs été établi que les deux hommes étaient en contact. Par deux fois, ce Yéménite a effectué des virements sur le compte de Moussaoui lorsque ce dernier séjournait aux Etats-Unis, où il est arrivé en février 2001 avec 32.000 dollars en poche. Si le jeune Franco-marocain a reconnu en juillet dernier son appartenance à Al-Qaïda, il a, par contre, toujours nié avoir participé aux attentats du 11 septembre. Il avait été arrêté dans le Minnesota, trois semaines avant les attaques alors qu'il cherchait à prendre des cours dans une école de pilotage. Lorsqu'il s'est présenté aux instructeurs, Moussaoui les a intrigués en leur déclarant vouloir apprendre à piloter un Boeing 747. Signalé aux autorités, il a été arrêté par le FBI le 17 août pour infraction à la législation sur l'immigration. Et les premiers résultats de l'enquête ne lui ont pas été favorables : en France, Moussaoui n'est pas un inconnu de la DST. Il y fait l'objet d'une information pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Né le 30 mai 1968 à Saint-Jean-de-Luz, dans le sud-ouest de la France, de parents marocains, Moussaoui semble s'être progressivement engagé dans les milieux intégristes. Il a notamment effectué un séjour à Londres, à partir de 1997, où il a fréquenté la mosquée de Fisbury Park de l'imam Abou Hamza… Par où sont passés d'autres noms notoires du terrorisme, comme Richard Reid, le «shoe bomber» condamné, fin janvier, à la prison à perpétuité. Par la suite, Moussaoui a été en Afghanistan puis, durant deux mois, au Pakistan, où il a obtenu un visa pour les Etats-Unis. Aurait-il pour autant participé au détournement du quatrième avion, qui s'est écrasé le 11 septembre 2001 en Pennsylvanie, s'il n'avait pas été arrêté ? C'est ce que pensent les enquêteurs américains, soulignant qu'il n'y avait dans cet avion que quatre pirates et non cinq comme dans les autres. La police allemande a quant à elle, révélé que Moussaoui avait effectué au moins deux virements bancaires prouvant qu'il était en contact avec la cellule terroriste de Hambourg, où ont résidé Mohammed Atta et plusieurs autres pirates de l'air. «Je veux plaider coupable. Je sais qui l'a fait (les attentats du 11 septembre), quel groupe, et qui a participé. Cela m'aidera à sauver ma vie. Je fais serment d'allégeance à Oussama Ben laden. je suis membre d'Al-Qaïda», avait déclaré Moussaoui le 27 juillet dernier. Des aveux qui avaient été accueillis comme «du pain béni» pour une administration américaine qui a juré d'avoir sa tête. Le Franco-marocain est inculpé de six chefs d'accusation, don quatre sont passibles de la peine capitale. A condition qu'il y ait un procès…