La crise nucléaire nord-coréenne prend des allures de plus de plus internationales, voire onusiennes, malgré les efforts faits par Pyongyang pour la réduire à un face-à-face direct avec Washington. Elle est désormais « presque certaine » de porter le dossier devant le Conseil de sécurité de l'ONU, l'Agence internationale de l'énergie atomique l'a indiqué lundi au vu des derniers événements survenus dans la crise nord-coréenne. Le conseil de l'AIEA doit se réunir à ce propos mercredi au siège de l'instance, situé à Vienne, en Autriche, pour décider du recours ou non aux Nations-Unies. Celles-ci pourraient ensuite ordonner des sanctions économiques et politiques contre la Corée du Nord pour l'obliger à abandonner son programme nucléaire relancé en novembre dernier. Ce qui équivaudrait à « une déclaration de guerre » avait averti début janvier l'intéressée. Cette option est cependant considérée comme une mesure ultime, les efforts actuels étant surtout axés sur une sortie de crise diplomatique. Le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana, était d'ailleurs à Tokyo dimanche puis à Séoul lundi pour apporter la contribution des Quinze au débat en cours. Il espérait ensuite pouvoir se rendre en Corée du Nord pour y rencontrer son dirigeant Kim Jong-Il, un entretien qui dépendra de l'issue que donnera la réunion de l'AIEA. Dimanche, le régime nord-coréen avait déjà averti qu'il protégerait ses intérêts si les décisions de l'Agence onusienne venaient à contrecarrer la relance de son programme nucléaire. « Il est naturel que la RDPC prenne les mesures les plus dures pour protéger ses intérêts suprêmes dans cette situation difficile », avait écrit le quotidien officiel Rodong Sinmun, lequel avait également accusé les Etats-Unis d'utiliser l'AIEA pour faire monter la pression internationale sur Pyongyang, alors que cette dernière ne cesse de réclamer des négociations directes avec l'administration Bush. Le journal nord-coréen a par ailleurs de nouveau dénoncé les dernières mesures américaines «pour renforcer massivement leurs forces dans et autour de la Corée du Sud dans la perspective évidente de lancer une attaque préventive contre la Corée du Nord ». La semaine dernière, le porte-parole de la Maison blanche avait en effet déclaré que les Etats-Unis étaient « parfaitement préparés avec des plans énergiques pour parer à toutes les situations ». Ari Fleischer, qui avait qualifié les menaces nord-coréennes de « véritable cause de préoccupation », avait cependant souligné que le Président américain « continuait d'espérer en une solution pacifique du conflit ». George Bush avait d'ailleurs demandé à son homologue chinois Jiang Zemin de faire pression sur le régime nord-coréen pour qu'il fasse marche arrière dans sa surenchère nucléaire. Les médiations russes, sud-coréennes et même australiennes ayant jusque-là échoué. La question est désormais de savoir jusqu'où ira Pyongyang si le « duel » qu'il espère avec Washington se transforme en un conflit international. Alors que la Maison blanche parle de sortie diplomatique, le régime communiste évoque « une guerre totale » et assure être prêt à répondre à toute attaque des Américains sur ses centrales nucléaires. Une guerre qui déchirerait plus que la sous-région asiatique. Car si l'on sait que ses missiles « classiques » peuvent atteindre la Corée du Sud et le Japon - où sont basés 100.000 soldats américains -, on soupçonne aussi le pays de posséder d'autres armes balistiques lui permettant cette fois-ci de frapper l'Alaska ou encore l'île de Hawaï…