L'émissaire du président russe a rencontré lundi le leader nord-coréen Kim Jong-Il à propos de la crise nucléaire déclenchée en novembre par Pyongyang, qui exige toujours un face-à-face avec Washington. La Russie réussira-t-elle à trouver une issue au conflit nucléaire provoqué par la Corée du Nord ? Le simple fait que le chef adjoint de sa diplomatie soit reçu lundi par le président Kim Jong-Il est en lui-même un point positif pour les efforts du Kremlin, ces entretiens n'étant initialement pas prévus entre les deux hommes. «Cela prépare le chemin du dialogue mais il est encore difficile de prédire comment le Nord va réagir», a commenté lundi Yun Duk-Min, expert en contrôle des armements à l'Institut sud-coréen des affaires étrangères. Particulièrement suivi par Séoul, médiateur de la première heure, ce conflit a aussi vu l'intervention, la semaine dernière, de l'Australie, de laquelle est sortie lundi une nouvelle note d'optimisme. Le chef de la diplomatie de Canberra, Alexander Downer, a en effet estimé que Pyongyang désirait réellement une solution négociée. Alexandre Lossioukov se trouve, quant à lui, dans la capitale nord-coréenne depuis samedi avec un projet de sortie de crise en poche. Le plan russe propose que les Etats-Unis donnent des garanties de sécurité et une aide économique à la Corée du Nord. En échange, cette dernière doit s'engager à stopper ses ambitions nucléaires, notamment en respectant l'accord de gel de son programme signé en 1994 avec Washington. Ce lundi, M. Lossioukov espérait donc une réponse positive du dirigeant communiste, d'autant plus que, durant cette même journée, le Conseil de sécurité de l'ONU devait se pencher sur le sujet. La Corée du Nord fera-t-elle pour autant marche-arrière ? Dimanche, un responsable de la république populaire avait déjà fait savoir que son pays rejetait toute médiation internationale, si russe fut-elle, dans cette crise qu'elle présente comme une épreuve de force à l'encontre des Etats-Unis. Ceux-ci semblent toutefois préférer prendre à témoin leurs alliés sur une attitude nord-coréenne quelque peu belliqueuse. Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell n'a-t-il pas déclaré dimanche que Washington voulait que le Conseil de sécurité de l'ONU soit saisi «de la violation par la Corée du Nord de ses engagements internationaux dans le domaine nucléaire» ? Le problème, c'est que celle-ci n'envisagera de changer de position que si elle obtient des négociations directes avec Washington et un «accord officiel de non-agression». «Il n'y a pas de raison pour que les Etats-Unis ne fixent pas une garantie de ce genre par le biais d'un document juridique» avait signifié Pyongyang la semaine dernière. Le secrétaire d'Etat adjoint, Richard Armitage, avait alors également déclaré que Washington pouvait s'engager sur une telle déclaration. A condition que la Corée du Nord abandonne ses ambitions nucléaires... Si la médiation russe devait échouer lundi dans ses efforts, il restera encore à la Corée du Nord une nouvelle issue possible. Elle et sa voisine du Sud doivent en effet se réunir de mardi à vendredi dans le cadre de leurs premiers pourparlers bilatéraux depuis le début de la crise. Même si, là encore, Pyongyang a indiqué qu'il ne voulait pas discuter «nucléaire» lors de ces entretiens, insistant sur un règlement avec les seuls Etats-Unis...