Corée du Nord. Pyongyang a entreposé 1.000 barres de combustible irradié dans le bâtiment d'un réacteur nucléaire pour produire du plutonium militaire. Séoul et Tokyo s'inquiètent et veulent saisir le Conseil de Sécurité. La Corée du Nord a entreposé un millier de barres de combustible irradié dans le bâtiment de son réacteur nucléaire de Yonhbyon qui est en mesure de produire du plutonium militaire, a indiqué l'Agence internationale de l'Energie atomique. Pyongyang donne ainsi un nouveau signe de sa volonté de réactiver les installations nucléaires qui, selon les experts, pourraient lui permettre de produire des armes d'ici quelques mois. Une affirmation cependant démentie par la Corée du Nord qui dément toute intention belliqueuse : «Notre intention n'a rien à voir avec des plans pour mettre au point des armes nucléaires. Notre république a constamment maintenu une position antinucléaire et de paix», a affirmé la radio d'Etat nord-coréenne qui accuse les Etats-Unis de «tenter d'alerter l'opinion publique internationale comme s'il s'agissait du signe de développement d'armes nucléaires». Pyongyang affirme que le problème nucléaire ne pourra être réglé que si Washington accepte de signer un pacte de non-agression. Il a durci son discours ces dernières semaines, affirmant que la péninsule était au «bord de la guerre». En vertu d'un accord signé en 1994, la Corée du Nord doit geler, puis démanteler son programme nucléaire militaire. En échange, l'Occident doit lui livrer deux réacteurs civils et du fioul lourd. Engagement interrompu dès l'élection de George Bush. Tout au long de la crise, Pyongyang n'a cessé de réclamer des négociations avec les Etats-Unis, mais Washington a toujours refusé. Frappée de pénurie énergétique, la Corée du Nord a besoin de se doter de nouveaux équipements pour en produire. C'est sans doute la raison qui a poussé le Président Sud-coréen, Kim Dae-Jung à s'engager à jouer un rôle primordial dans le règlement de la crise. Il a assuré ne pas adopter la démarche empruntée par Washington pour trouver une solution au blocage actuel. Il a convoqué une réunion d'urgence du consortium (Etats-Unis, Japon, Corée du Sud et Union européenne) gérant l'accord de 1994 avec Pyongyang. «La Corée du Sud doit jouer un rôle prépondérant dans la résolution de la question nucléaire de la Corée du Nord, problème critique pour la péninsule», a déclaré le chef de l'Etat. C'est un tout autre discours qui est tenu par l'Administration américaine qui affirme que Pyongyang agissait de manière à inciter Washington à reprendre le dialogue sur une normalisation de leurs relations bilatérales. Les Américains affirment ne pas vouloir entrer dans ce jeu et disent que des pressions diplomatiques suffiraient à ramener les Nord-coréens à la raison. Plusieurs voix se sont élevées contre ce jusqu'au-boutisme. Des observateurs rapportent que deux millions de personnes y souffrent de malnutrition, voir de famine. Il peut coûter très cher à toute la région si ce pays s'effondre totalement. Ses voisins en ont conscience. C'est pour cette raison que le Japon aide massivement ce pays. Cette assistance est pour lui une sécurité préventive. Malgré cette dimension, Tokyo a mis en garde Pyongyang en lui conseillant de ne pas sous-estimer la possibilité d'une réaction de la communauté internationale face à ses décisions «provocantes». Le conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) pourrait se réunir le 6 janvier pour discuter du dossier Nord-coréen. L'AIEA doit décider soit de donner à la Corée du Nord une nouvelle occasion de s'amender en coopérant à travers des discussions de haut niveau avec elle, soit de porter le problème devant le Conseil de Sécurité de l'ONU.