Pyangyang reprend son programme nucléaire pour protester contre la décision américaine de suspendre ses fournitures de fioul lourd. Inquiétudes grandissantes à Séoul. La question de l'armement nucléaire de la Corée du Nord est au centre de nombreuses initiatives et prises de positions. Des experts estiment que le fait de soustraire au contrôle international 8.000 barres de combustible nucléaire irradié est une décision très grave. « Si la Corée du Nord décide d'utiliser effectivement ces barres de combustible, cela va créer une kyrielle de difficultés », affirme le Pr Yu Suk-Ryul de l'Institut des affaires étrangères et de la sécurité national à Séoul. Ces barres sont susceptibles de fournir 25 kilos de plutonium militaire qui suffiraient pour produire au moins trois bombes nucléaires, affirment ce spécialiste. Au début des années 1990, les Etats-Unis et la Corée du Nord s'étaient trouvés au bord d'une crise majeure en raison du programme nucléaire de Pyongyang. Washington estime que ce pays dispose de suffisamment de plutonium pour avoir déjà produit au moins une bombe atomique en 1994, la Corée du Nord avait accepté de geler son programme nucléaire après des négociations avec les Etats-Unis qui ont abouti à la signature d'un accord-cadre. Ce dernier tombe désormais à l'eau avec la reprise de ce programme que Pyangyang justifie par la crise énergitique aggravée par la décision prise le mois dernier par Washington de suspendre sa fourniture en fioul lourd. Tout au long de la crise, la Corée du Nord a cherché à maintenir les négociations avec les Etats-Unis expliquant que leurs préoccupations sur la sécurité pourraient être apaisées en échange d'un pacte de non-agression, offre repoussée par Washington qui exige du Nord le démantèlement de tout son programme nucléaire. Rappelons que l'administration Bush classe la Corée du Nord parmi les pays de l'axe du mal, qui comprend aussi l'Irak et l'Iran. À Séoul, les deux principaux dirigeants de la Corée du Sud se sont rencontrés hier pour débattre de la question et se sont prononcés pour un règlement pacifique de la crise actuelle. Selon les médias locaux, les deux responsables ont convenu qu'il fallait agir au plus vite pour éviter une aggravation de la crise.