Ils ont tous reçu la convocation pour se présenter devant la Cour et ils en frémissent déjà… de peur. Il s'agit de la vingtaine de témoins dans le cadre du procès Slimani-Laâfora qui s'est ouvert le 16 février 2005 à Casablanca. Ils ont tous reçu la convocation pour se présenter devant la Cour et ils en frémissent déjà… de peur. Il s'agit de la vingtaine de témoins dans le cadre du procès Slimani-Laâfora qui s'est ouvert le 16 février 2005 à Casablanca. Ce jour-là, le président de la séance a constaté leur no-show mais ils seront certainement au complet lors de la prochaine audience prévue pour le 18 mars. Un rapide coup d'œil à la liste et l'on se rend compte que certains témoins sont loin d'être insignifiants. Ils ont même beaucoup de signification, compte tenu de leurs postes de responsabilité de naguère. Omar Bahraoui, par exemple, n'est pas n'importe qui. Il avait régné pendant des années sur la Direction des collectivités locales du temps de Driss Basri, avant de s'offrir une virginité politique sous la bannière du MP. Il est aujourd'hui maire de Rabat. M. Bahraoui a certainement, de par sa fonction antérieure, beaucoup de choses à raconter sur certains dossiers sujets à caution où sont impliqués des éléments de la bande à Slimani-Laâfora. Tout comme son prédécesseur à la tête de cette direction, Driss Toulali, qui fut un des proches de l'ex-ministre de l'Intérieur. Cet homme connu pour sa discrétion et sa grande capacité de travail doit regretter aujourd'hui son passage dans ce poste stratégique. Ex-président de la commune de Hay-Hassani à Casablanca et vice-président de la Communauté urbaine de la même ville, Mohamed Kemmou, qui formait avec M. Slimani une paire parfaite, était un fin connaisseur des marchés de la Communauté urbaine de la capitale économique et un homme décisionnaire moins à ciel ouvert que dans l'ombre. À chacun son tempérament. Autre témoin d'importance, le leader de l'UGTM, Abderazzak Afilal, qui a longtemps été président de la Commune de Aïn Sebaâ dont certains projets comme celui de Hassan II et de Ouled Ziane ne sont pas, pour le moins que l'on puisse dire, un modèle de gestion. Reste Mohamed Hajjaj, secrétaire général, pendant plusieurs années, du ministère de l'Intérieur, homme de l'ombre et fidèle d'entre les fidèles à Driss Basri. À l'appel, il ne manque que ce dernier. Il saurait éventuellement mettre l'ambiance qu'il faut pour un procès sans précédent. Des témoins franchement de qualité ainsi que d'autres qui ne sont pas dénués d'intérêt non plus. Tous à la barre pour contribuer, chacun selon son degré d'importance, à démêler l'écheveau de la rapine de Casablanca, tantôt sous couvert de projets, tantôt sous forme de marchés. Auditionnés par le juge d'instruction, Jamal Serhane, dans le cadre de son enquête, Kemmou et ses co-compagnons sont tout, sauf des enfants de chœur. Qu'ils le veuillent ou non, ils étaient partie prenante d'un système. Servir et se servir avaient la même connotation à l'époque. Aucune frontière entre les deux vocables. Les témoins se rendront au tribunal pour comparaître devant le juge Mustapha Farès. Avec une grande appréhension qui ne les quitte plus. Celle de se retrouver au banc des accusés en bonne compagnie avec Laâfora et consorts.