Après Libreville, SM le Roi Mohammed VI se rendra en visite officielle à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. C'est la première fois qu'un Roi du Maroc se rend dans ce pays ami avec lequel le Royaume a toujours entretenu d'excellentes relations politiques. Lors de sa tournée en Afrique, et après son séjour au Gabon, SM le Roi se dirigera vers le Burkina Faso. C'est la première fois qu'un Souverain marocain se rend en visite officielle à ce pays. Le Burkina Faso, qui avait reconnu la pseudo-RASD en 1984, a fini par retirer cette reconnaissance, huit ans plus tard, en juin 1996. S'en est suivi une consolidation des relations entre les deux pays dans plusieurs domaines. A titre d'exemple, en janvier dernier, Abderrazak El Mergaoui, inspecteur des Douanes et formateur régional au sein de l'administration des Douanes et impôts indirects du Maroc, s'était rendu à Ouagadougou afin d'assurer une formation pour la douane du Birkina dans les domaines de comptabilité publique et plus particulièrement des particularités de la comptabilité douanière. Cette formation s'inscrivant dans le cadre de la coopération bilatérale entre administrations douanières des deux pays. Malgré un milieu naturel extrêmement contraignant (pas de débouchés maritimes, saisons contrastées, faible pluviométrie…), l'activité agricole au Burkina Faso demeure très importante, puisque 80% de la population burkinabaise dépend du secteur primaire. A ce titre, l'expertise marocaine peut s'avérer indispensable. D'ailleurs, le ministre de l'Agriculture, Mohand Laenser, se trouve parmi la délégation accompagnant SM le Roi. La question de la Côte d'Ivoire risque d'être soulevée, non pas officiellement, du moins de manière officieuse, entre les deux chefs d'Etat. En effet, le Burkina Faso abrite sur son sol et soutient fermement et ouvertement les rebelles du Nord ivoirien. Après le Burkina, le Souverain se dirigera vers le Sénégal, un autre pays avec lequel le Maroc entretient d'excellentes relations. Au Sénégal, SM Mohammed VI effectuera, cette-fois, une visite de travail et d'amitié. Les relations politiques entre les deux pays étant au beau fixe, Rabat compte maintenant sur l'appui de Dakar pour signer un accord de libre-échange avec l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMAO). Une union dont le Sénégal fait partie et qui compte également le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger et le Togo. Depuis son intronisation, SM Mohammed VI a clairement affiché son intention de consolider les relations marocaines avec les pays du continent africain. En témoigne, à titre d'exemple, l'annulation par le Maroc des dettes des Pays africains les moins avancées (PMA) ou, également, la participation active du Maroc dans le NEPAD. Sans compter l'intervention de l'armée marocaine, sous la houlette des Nations unies, dans plusieurs conflits en Afrique. En fait, le Maroc, et ce contrairement à l'approche opérée par d'autres pays qu'il serait inutile de nommer, tient à ce que les rapports qu'il noue avec les Etats africains soient construits sur des bases saines et solides. Après l'incident diplomatique entre Rabat et Abidjan (le président Gbagbo ayant bizarrement retiré sa demande de médiation marocaine, ce qui a poussé Rabat à rappeler son ambassadeur), le Maroc se trouve ainsi contraint de gérer des situations malsaines. Qui a poussé le président Gbagbo à faire volte-face et bafouer les règles diplomatiques les plus élémentaires? Peut-être que c'est un pays tiers qui ne souhaite pas que le Maroc occupe une place de choix dans l'échiquier politique régional. Ce même pays, qui partage de bonnes relations avec le régime sud-africain, a exercé des pressions (sonnantes et trébuchantes!) sur Gbagbo pour que Thabo Mbéki puisse continuer à jouer au médiateur, au grand dam des partis d'oppositions et des forces nouvelles en Côte d'Ivoire.