La décennie 90 est sans conteste la période qui témoigne du démarrage du boom des franchises au Maroc, avec actuellement un réseau de 132 enseignes. Toutefois, le secteur reste peu structuré. Le phénomène d'installation de franchises étrangères au Maroc semble prendre de l'ampleur. En cinq ans, les franchises ont enregistré un taux de croissance de leurs réseaux au Maroc supérieur à 185%. C'est ce qui ressort de la dernière note de synthèse publiée récemment par la mission économique de Casablanca de l'ambassade de France. Ainsi, le nombre des franchises installées, jusqu'au mois dernier, a atteint 132 enseignes. Le segment de l'habillement et linge de maison accapare la majorité des filiales ouvertes cette dernière décennie sur le marché local avec un pourcentage de 25 %. En seconde position, arrivent les activités liées à la restauration rapide avec un total de 16 enseignes. Au niveau de la nature des réseaux de franchise, 45 % d'entre eux ont opté pour un contrat de master franchisé. Ce type d'accord permet au franchisé de disposer de l'exclusivité de l'exploitation et de la transmission de l'enseigne sur l'ensemble du Royaume. La France reste le principal pays d'origine des réseaux implantés au Maroc avec 46% des enseignes concentrés principalement dans les secteurs de la confection, des cométiques et de la coiffure. Les enseignes américaines arrivent en seconde position notamment dans les domaines de la restauration, l'enseignement et la location de voitures. Le reste du réseau est partagé entre les Belges, les Espagnols, les Anglais et les Danois. A l'image du poids des villes, la répartition géographique de ces différentes implantations se caractérise par une concentration des enseignes franchisées à Casablanca et Rabat. Cependant, le concept de franchise n'est pas seulement l'apanage des entreprises étrangères. Plusieurs sociétés marocaines ont développé leurs concepts de franchise localement. C'est le cas notamment de Unitex et Mobilia. Le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Télécoms recense aujourd'hui plus de 20 enseignes de franchises locales. Malgré ce boom des franchises, l'étude de la mission économique révèle qu'il s'agit d'un secteur peu structuré. Pour preuve, seuls deux salons ont été organisés en 1996 et 1997. Sur le plan de la représentativité du secteur, une association des professionnels a vu le jour en début de l'année dernière. Baptisée la Fédération marocaine de la franchise, ce groupement ambitionne de jouer le rôle d'interlocuteur des franchisés vis-à-vis des pouvoirs publics. Cette association projette d'ailleurs organiser, à Casablanca, en juin prochain un salon dédié aux franchises. A ce problème de manque de structuration du secteur, les banques au Maroc restent très réticentes pour financer des projets de franchise. «Il n'existe pas de lignes de crédits spécifiques à cette niche», peut-on lire dans l'étude de l'ambassade de France. Cette méfiance découle du fait que l'achat d'une carte de franchise n'est pas une réelle garantie pour la banque. Le franchiseur peut en effet à tout moment résilier le contrat qui le lie à son partenaire franchisé. En plus, il n'y a pas de relation étroite entre l'enseigne, le matériel et les aménagements financés. Selon une étude menée récemment par le ministère du Commerce , seuls deux réseaux ont pu bénéficier d'un financement bancaire de la Caisse centrale de garantie. Il s'agit de Pressto (pressing) et la Pause Gourmande (restauration). Pour pallier le déficit du financement, les professionnels revendiquent la mise en place d'une ligne de financement adaptée aux besoins des franchisés. Quid de l'apport des pouvoirs publics en matière d'accompagnement et d'encouragement des franchises ? La Direction du Commerce intérieur du ministère de tutelle s'apprête à organiser, en juin prochain, un séminaire sur le thème «la franchise : outil de modernisation du secteur commercial». Cette Direction a le mérite aussi de mettre en ligne une riche base de données sur la franchise directement consultable sur le site du ministère du (www.mcinet.gov.ma/mciweb/Commerceint/Franchise/Franchise.htm) Cet engagement du ministère dans le développement de ce mode de commerce, qui a fait ses preuves sous d'autres cieux, s'explique par la volonté de contribuer au développement des grandes surfaces et la modernisation du petit commerce. A rappeler que d'ici la fin du mois de février, le ministère publiera la mise à jour de son étude annuelle dédiée à l'évolution de la franchise au Maroc. L'intégralité sera mise également en ligne sur le site Web du ministère.