Après une soirée d'ivresse, K. a pris le chemin pour rentrer chez lui. Seulement un jeune homme s'est présenté devant lui, lui demandant une cigarette. Un refus, puis un échange d'invectives et c'est le meurtre. Samedi 25 janvier 2003. Vers 4h du matin. Un jeune homme, la trentaine, gisant dans une mare de sang, à la rue 151 donnant sur le rond-point Bir Inzarane, à Kénitra. Il présentait des cicatrices sur son visage et une grande plaie à sa carotide. Les éléments de la sûreté régionale de la police de Kenitra se sont dépêchés sur les lieux une fois qu'ils ont été alertés. Ils n'ont trouvé personne dans la rue, sauf le cadavre sans âme. De qui s'agit-il ? Qui l'a tué? Qui leur a déjà téléphoné pour les alerter ? Quelques instants plus tard, le veilleur de nuit qui se charge du gardiennage dans la rue s'est présenté devant les enquêteurs. «J'ai assisté à la bagarre qui a dégénéré en meurtre…», affirme-t-il aux enquêteurs tout en ajoutant : «Je n'étais pas seul, il y avait le veilleur de nuit de l'autre rue et le marchand de cigarettes au détail…». Ces deux derniers se sont présentés, illico, devant les enquêteurs. Leur chef a appelé déjà le fourgon mortuaire pour se charger d'évacuer le cadavre vers la morgue, une fois le constat d'usage terminé. De quoi s'agit-il ? «Je n'ai pas vu ce qui s'est passé au départ, mais j'ai entendu des cris, des insultes et des injures à haute voix…Je me suis dépêché sur le lieu d'où émanaient les cris…J'ai trouvé le veilleur de nuit de la rue et le détaillant de cigarettes en train d'assister, de loin, à une bagarre…Ils étaient quatre personnes qui malmenaient violemment un jeune homme et qui le tailladaient avec un couteau…», déclare le veilleur de nuit de l'autre rue aux enquêteurs. «Ils étaient, effectivement, quatre jeunes hommes qui s'enivraient depuis 22h passées, je les connais tous, ils habitent juste à côté de cette rue…Au moment où la victime est sortie de la maison qui se trouve là-bas, l'un du quatuor s'est avancé vers lui…Je ne sais pas ce qu'il lui avait demandé…Ce que j'ai remarqué c'est qu'il lui a asséné des coups de poing jusqu'à ce qu'il tombe par terre… Tout à coup, celui qui était avec les autres personnes a brandi un couteau pour asséner des coups au jeune homme qui est, également, dans un état d'ivresse avancé…», ajoute le veilleur de nuit de la rue 151. Les enquêteurs de la SRPJ n'ont pas hésité une seconde pour frapper la porte de la maison où se trouvait le défunt. Un jeune homme encore en état d'ivresse, ouvre. «Il s'appelle K. et effectivement, il était avec nous…», répond-t-il au chef de la brigade policière qui lui avait demandé le nom du défunt. ` Les enquêteurs lui ont demandé de les accompagner, lui et les autres personnes qui étaient en sa compagnie. Ils étaient trois dont une fille de joie. Le lendemain, dimanche 26 janvier, les enquêteurs ont repris leur enquête en recherchant les auteurs du crime. Ils disposaient de leurs identités et de leurs descriptions. «Leur arrestation est une question de temps, pas plus», affirme un élément de la brigade policière. Effectivement, mardi 28 janvier, les enquêteurs sont arrivés à mettre la main sur le quatuor dont la fille de joie et deux frères, Hamid et Jamal, âgés respectivement de 28 et 32 ans. Lors de l'interrogatoire Hamid a affirmé : « Je lui ai demandé une cigarette, mais il a refusé en m'insultant et en me giflant…Il m'a provoqué…Soutenu par mon frère, je lui ai asséné des coups de poings, puis j'ai pris mon couteau et je l'ai blessé…je n'avais pas l'intention de le tuer… ». Jeudi 30 janvier, les deux frères ont été déférés devant la justice poursuivis en état d'arrestation pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.