À sept ans, Oumayma, écolière en première année de l'enseignement fondamental, a été kidnappée, la nuit du mardi 10 mai, par un jeune homme d'une trentaine d'années qui l'a violée dans un cimetière à Rabat. Oumayma est à son septième printemps. C'est en septembre 2004 qu'elle a mis, pour la première fois, les pieds à l'école. Elle y allait toute seule ou en compagnie de ses amies ou voisines durant tous ses premiers mois d'école. Parfois sa sœur, son aînée de cinq ans, en sixième année de l'enseignement fondamentale, les accompagnait. Active et sociable, Oumayma restait parfois en compagnie de ses petites voisines du quartier royal à Sala Al Jadida jusqu'à 21h à bavarder, plaisanter ou jouer. Elle ne craignait personne, puisque des filles et des garçons de son âge ainsi que ceux des autres âges se retrouvaient au même endroit et jusqu'à une heure tardive de la soirée. Elle n'a jamais pensé être détournée ou enlevée encore moins violée par quiconque. Même ses parents n'ont jamais imaginé un tel scénario. C'est la raison pour laquelle ils ne lui reprochaient jamais le fait de sortir au-delà de 20h pour rencontrer une amie ou pour faire des courses. Ils étaient loin de craindre l'horreur qu'elle allait subir, ce mardi 10 mai, et qui a brouillé toutes les cartes. Oumayma en est traumatisée, peut-être à vie. Que lui est-il arrivé ? Il était 20h20. Le quartier royal à Sala Al Jadida est encore animé. Sa mère l'a engagée, en compagnie de sa sœur, à faire des courses. Les deux sœurs sont sorties de chez elles en bavardant. À mi-chemin, elles croisent un jeune homme, la trentaine. «SVP, où se trouve le blanchisserie ?», leur demande-t-il, le sourire aux lèvres. La fille aînée lui a indiqué le chemin qu'il doit emprunter pour arriver à sa destination. «Voulez vous m'accompagner ?», leur demande-t-il. La fille aînée s'est abstenue. Elle lui a expliqué qu'elle devait faire des courses et retourner chez elle sans perdre de temps. Oumayma, elle, a pris sur elle-même de le conduire sans sa sœur. Voyant la sœur aînée rentrée toute seule, les parents d'Oumayma croyaient que celle-ci était restée avec l'une de ses voisines. Ils n'ont rien demandé à leur fille aînée. Mais, une heure plus tard, la fille n'était toujours pas rentrée. Où était-elle? Personne ne leur a donné de réponse. La fille aînée leur a expliqué qu'elle l'a laissée dehors sans leur donner d'autres explications. Pourquoi ? Les parents n'en savaient rien. A-t-elle craint leurs reproches ? Là encore, aucune réponse. Deux heures sont passées et Oumayma n'a toujours pas donné signe de vie. Vers 22h 20, la maman qui ignorait quoi faire ni à quelle porte frapper, a alerté son mari par téléphone. Ce dernier a pris un petit taxi et l'a rejointe pour entamer les recherches. D'un hôpital à l'autre et d'un commissariat de police à l'autre, les parents et le grand-père n'ont trouvé aucune trace de Oumayma. Où se trouve-t-elle ? Est-elle kidnappée ? Après plus de cinq heures, vers 5h du matin du mercredi 11 mai, le téléphone portable du grand-père sonne. Qui est à l'appareil ? La police. Il s'est alors rapidement dirigé vers le commissariat de police du 4ème arrondissement qui était en permanence. En arrivant, le grand-père, sa fille et son beau-fils ont monté les marches en un clin d'œil pour se retrouver à l'intérieur d'un bureau. Oumayma y était. Sa maman l'a prise par les bras, les larmes aux yeux. Oumayma était dans un état lamentable. Que lui est arrivé ? Elle a été enlevée et violée. Par qui? Dans quelles circonstances ? Sur le chemin menant vers la blanchisserie, et sur une suggestion du jeune homme qu'elle accompagnait, Oumayma a accepté de le suivre vers une laiterie, histoire de se faire offrir un gâteau ou un yaourt. Seulement, il l'a obligée de l'accompagner un peu plus loin. Ils sont montés dans le bus, ligne n° 35, pour descendre à Sidi Fateh, à Rabat. Une fois descendus du bus, il l'a conduite vers une région appelée Gzou pour passer ensuite près d'une caserne militaire et enfin accéder à un cimetière. Le jeune homme l'a violée après lui avoir donné quelques verres de boisson alcoolisée et une cigarette à fumer. Après quoi, il l'a conduite vers un gardien de voitures, pas loin du cimetière, pour l'y laisser et prendre la poudre d'escampette. Le gardien des lieux a fini par la remettre entre les mains de la police. Le grand-père, Mohamed.W., que ALM a contacté par téléphone, a expliqué que Oumayma a dit aux policiers qu'elle avait vu le jeune homme qui l'a kidnappée en compagnie de l'un de ses voisins. Ce dernier a été interpellé, mais il n'a donné aucun renseignement sur la personne en cause. Le violeur est encore en fuite, alors que Oumayma ne dort pratiquement plus depuis cette nuit. Et même quand elle y arrive, ce n'est que pour quelques instants après lesquels elle se réveille en criant. Elle est soumise actuellement, selon son grand-père, à un traitement psychologique.