Le public rajaoui, qui a envahi massivement le complexe sportif Mohammed V de Casablanca, pour suivre le match opposant le Raja à l'AS Vita Club pour le compte de la finale aller de la Coupe de la CAF, n'a pas regretté son déplacement. Les Verts ont en effet fait un grand pas vers le sacre en assurant une victoire écrasante sur le score sans appel de 3 buts à 0. De quoi renouer sereinement avec les consécrations africaines. Dans une rencontre dominée de bout en bout, les locaux, qui cherchaient à sceller l'issue des deux manches dès Casablanca, sont rapidement entrés dans le vif du sujet et vont tout faire sauf trouver la brèche de la cage du Camerounais Nelson Lukong Bongamank, auteur soit dit en passant d'une grande rencontre. Face à la défense de fer des Congolais, qui manifestement cherchaient à sortir avec le minimum de dégâts possibles, les Diables Verts vont ainsi se créer une pluie d'occasions mais ont péché par manque de lucidité et de concentration au dernier geste. L'égrènement des ratés posait des interrogations sur la force du mental des joueurs à maintenir le rythme, à insister, à ne point tomber dans la fébrilité, dans la précipitation. Les Casablancais, bien en jambes pour chasser les parasites de leurs précédentes oppositions face aux mêmes Congolais en phase de poule (nul 0-0 à Casablanca et victoire de Vita à Kinshasa 2-0), ont imprimé une intensité incroyable en attaquant de toute part pour prendre de l'avance tout en gérant, avec entrain mais dans l'humilité, les velléités des contres de leurs vis-à-vis. Sur l'aire de jeu, la tentative de «rébellion» des Congolais dans les dernières minutes n'a pas du tout suffi pour éteindre cet espoir de victoire qui se profilait pour mieux se projeter dans les cimes et renouer avec l'épopée qui a permis au Raja de bénéficier d'une aura internationale et d'une popularité encore plus grandissante. Et tout logiquement, le Raja va mettre à nouveau le pied sur l'accélérateur. La deuxième mi-temps va tourner à la démonstration en puisant en alternance tantôt dans l'individualisation du jeu, tantôt dans l'ADN de l'effectif, là où résident les points forts des Casablancais afin de prendre de l'ampleur. Rahimi va ainsi saisir la perche tendue sur une belle déviation de Benhalib, suite à un caviar en profondeur de Abdelilah Hafidi, pour plonger le stade dans l'euphorie (47è) et sortir de cette situation quelque peu incommodante. Une ouverture qui donnera des ailes aux Aigles Verts, heureux de cette avance au score, pour envelopper d'une pression maximale les visiteurs et montrer qu'ils ne négocient pas cette première manche de la finale avec la peur au ventre. Moins d'un quart d'heure, Rahimi, le plus jeune des 22 sur la pelouse va être le bourreau en fusillant d'un tir imparable le gardien camerounais (61è). Avec la confiance animant les joueurs et la passion entourant l'événement, le Raja ne se contente pas de ce résultat probant mais veut garantir la traversée de ce premier passage sans anicroches. Pas le temps de souffler. Une bonne vision et aération de balles, suivie d'une chevauchée solitaire et en zigzag de Zakarya Hadraf qui, crevant le mur défensif, va porter l'estocade en provoquant le coup de pied de réparation transformé par Behalib (65è) et le coup de massue avec l'expulsion pour cumul de deux cartes jaunes. Le plus titré des clubs marocains au niveau continental avec trois couronnes en Ligue des Champions (1989, 1997 et 1999), une Super Coupe de la CAF (2000), a réduit au silence un très coriace adversaire, qui a évité que l'addition ne soit plus salée, pour préparer plus à l'aise, dans une semaine, la seconde manche et mettre fin à quinze ans de disette après son dernier succès continental lors de la Coupe de la CAF en 2003.