Quoiqu'en dise son père, le parcours de Gamal Moubarak n'a rien à envier à celui d'un prince héritier. Lorsqu'il l'a placé à la tête du bureau politique de son parti, Hosni Moubarak n'a fait que confirmer la « rumeur ». «Ici, nous ne sommes pas en Syrie» répétait encore Hosni Moubarak dans les colonnes du Washington Post, en mars dernier. Et pourtant. Le 17 septembre 2002, un certain Gamal Moubarak a effectué une ascension remarquée au sein du parti national démocrate en obtenant le poste de «responsable de l'orientation politique interne» du PND. L'information aurait pu paraître des plus ordinaire si le jeune homme de 39 ans n'avait pas été le fils du raïs... Et s'il n'avait pas été nommé numéro trois du parti présidentiel par son propre père ! L'annonce faite lors du huitième congrès national du PND a été applaudie par les quelque 6.000 partisans dont, en première ligne, Mme Moubarak elle-même. De là à dire que la politique égyptienne est devenue une affaire de famille, certains n'ont fait qu'un pas. D'autant que Hosni Moubarak a toujours associé ses deux fils Gamal et son aîné Alaa – dans une moindre mesure - à la gestion du pays. Il a même tenu à ce que son cadet l'accompagne dans plusieurs de ses déplacements officiels à l'étranger, à Washington par exemple. En janvier 2002, c'est aussi Gamal qui a accueilli l'ancien président américain Bill Clinton, en visite au Caire. Lors de son discours devant le Congrès en septembre dernier, le chef d'Etat âgé de 74 ans a affirmé que la nomination de son fils était une «garantie» pour une «passation fluide des responsabilités, d'une génération à l'autre». Et Gamal, placé tout juste derrière la «vieille garde» - composée du secrétaire général Safouat al-Chérif et son adjoint Kamal al-Chazli - dans l'organigramme du PND, a aussi réclamé du «sang neuf» pour relancer les réformes du pays ! Ce jeune banquier de profession est d'ailleurs devenu politiquement actif dès qu'il a intégré le secrétariat général du PND en 2000, il y a à peine trois ans. Il a aussi oeuvré pour la promotion de la jeunesse et son adaptation au monde du travail, au sein de la «Fondation pour les prochaines générations» qu'il dirigeait. Axée sur la recherche d'emploi, l'initiation à l'informatique et sur le management, cette association a surtout permis à Gamal de gagner en popularité et de promouvoir ses idées. Les priorités qu'il affiche – la lutte contre le chômage ou encore la crise du logement -, l'ont rapproché des attentes des Egyptiens, dont 56 % ont moins de 24 ans. «Pour garantir la stabilité et poursuivre le développement, il faut tenir un discours d'intégration qui implique le plus grand nombre», déclarait-il l'année dernière dans les colonnes du journal gouvernemental Al-Ahram Weekly. Et de préciser : «franchement, il n'est pas question que je devienne président, je n'y ai jamais songé et mon père ne se pose pas la question», en réponse à des rumeurs de plus en plus persistantes... Diplômé de l'école américaine du Caire, Gamal a été cadre à la Bank of America International de Londres de 1988 à 1994. Il est ensuite devenu directeur exécutif de Medinvest associations Ltd. en Egypte. Toujours célibataire, on dit de lui qu'il a du charisme, qu'il est élégant et discret. On dit aussi que la politique de «nettoyage» et de réforme qu'il a mis en place depuis sa nomination de septembre, le rende plus que populaire et donc présidentiable. Si cette «passation de pouvoir» se réalise, Gamal deviendrait par ailleurs le premier «président» civil en Egypte. Réponse en 2004.