Ils étaient, tous les deux, des amis d'enfance à Demnate. Ils sont embauchés dans une même entreprise. Mais, vendredi dernier, tout a été brisé quand l'un a poignardé l'autre. Vendredi 24 janvier 2003. Les ouvriers d'une entreprise chargée de la construction de l'autoroute reliant Casablanca à Settat sortent de leurs chambres, ce matin, pour se rendre à leur job. Leurs travaux ont été entamés dernièrement à Aïn Harrouda. C'est là et plus précisément au quartier Al Amal, où leur entreprise leur a loué un appartement composé de plusieurs chambres où ils passent leurs nuits et les moments de repos. M, A et K se connaissent depuis leur enfance. Ces trois jeunes d'une vingtaine d'années sont issus de la même ville, Damnate. Leur relation de plus d'une dizaine d'année et leur entente les ont encouragés à occuper la même chambre. Ils ont quitté leur chambre, à l'instar de leurs collègues, après avoir pris leur petit-déjeuner. Comme à l'accoutumée, ils causaient et riaient. Ils mènent une vie routinière ; réveil le matin, petit-déjeuner, le travail, déjeuner, la corvée jusqu'au soir et retour à la chambre et entre temps l'accomplissement de la prière. En effet, la relation qui relie les trois amis, M, A et K, était exemplaire pour leurs collègues. Jusqu'à la nuit de ce vendredi 24 janvier. Mais qu'est-ce qui s'est passé cette nuit? Il est 20h. Les trois amis étaient dans leur chambre et ils n'ont pas pris leur dîner. Le muezzin a déjà appelé les fidèles à la prière d'Al-Îcha. A et K l'ont déjà accomplie et ils sont assis pour causer. Il reste encore M. Celui-ci s'est levé pour faire ses ablutions et retourner dans la chambre. Il s'est mis débout et il s'est dirigé vers Allah en levant les deux mains vers ses oreilles : «Allahou Akbar…». A ce moment, laissant K seul, A est sorti de la chambre. Quelques secondes après, il y retourne. K était en train de préparer le dîner. A. n'a pas parlé à K, il s'est avancé vers M qui priait. Tout à coup, K a sursauté. Il a entendu le cri de son ami, M. Il a tourné la tête pour voir ce qui lui est arrivé. M se convulsait et criait en demandant du secours et A se tenait debout près de lui, le visage pâle, avec un couteau à la main. Hébété, K s'est levé de sa place, s'est dirigé vers A qui voulait encore asséner des coups de couteau à M, il a tenté de le maîtriser. Mais en vain. A lui a donné deux coups de couteau. K a reculé de quelques centimètres, le sang coule de sa main droite. Il est sorti de la chambre pour appeler ses collègues. Ils l'ont rejoint. Personne ne sait ce qui s'est passé au juste. Ils sont arrivés enfin à le maîtriser. A. a fondé en larmes pour perdre conscience par la suite. Son ami, M, a rendu déjà l'âme. Leurs collègues ont commencé à pleurer. Les éléments de la gendarmerie d'Aïn Harrouda ont été alertés. Ils se sont dépêchés aussitôt sur les lieux. A. est déjà entre ses amis, en train de pleurer comme s'il avait regretté son acte mortel. Le fourgon mortuaire a été alerté, également, pour l'évacuation du cadavre vers la morgue. Tandis que A. a été conduit vers le poste de la gendarmerie. Pourquoi a-t-il tué son ami? «Il s'est réveillé, hier jeudi, et il a abusé de moi», déclare-t-il. Personne n'a pu croire à cette accusation. Ils témoignent, tous, que M était pieux et de bonne réputation, et qu'ils étaient des amis. Les enquêteurs ont recouru à une expertise médicale subit par l'accusé. L'expertise n'a révélé aucune trace d'abus sexuel. Pourquoi l'a-t-il tué donc? C'est la question qui est restée sans réponse, bien que le meurtrier ait été mis, dimanche dernier, entre les mains du juge d'instruction près la cour d'appel de Casablanca.