Entretien avec Majid Bekkas, artiste multi-instrumentiste ALM : Que représente pour vous cette participation à la 19ème édition ? Majid Bekkas : Je suis très content de revenir après huit ans et participer, pour la deuxième fois, à Tanjazz. Je me réjouis aussi du succès, de la continuité ainsi que de l'organisation et la diversité de la programmation de cet événement lui permettant de surpasser les grands festivals organisés à travers le monde. Je suis également très impressionné par le public qui se distingue par son écoute, ses connaissances et son amour pour la bonne musique. Je suis toujours très enthousiasmé de le rencontrer et de lui faire découvrir ma musique et mes dernières nouveautés dans le domaine musical. Comment s'est déroulé ce nouveau retour en trio avec Simo El Babarti, au sax ténor et soprano et Amine Bliha aux percussions ? Le public avait l'habitude de me voir jouer sur scène avec des Européens et des Américains tels que Randi Winston, Louis Sclavis ou Joachim Kühn. Il m'a découvert cette fois-ci en trio avec les deux musiciens marocains Simo El Babarti et Amine Bliha: c'est un produit à 100% jazz marocain. Nous avons présenté notre projet musical composé de fusions entre la musique traditionnelle Gnaoua et le jazz et entre la musique orientale et le jazz. Pourriez-vous nous parler de votre vocation pour les fusions ? Personnellement, j'aime et je continuerai à faire des fusions, dont la pratique est très intéressante et très enrichissante pour n'importe quel artiste. Cette rencontre entre des cultures différentes nous permet de dialoguer, d'échanger et par conséquent s'ouvrir vers l'autre. Et cela ne peut qu'enrichir nos répertoires respectifs. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que le jazz est né des rencontres entre l'Amérique, l'Europe et l'Afrique. Pour quelle raison vous êtes-vous retiré de l'équipe de direction du Festival de jazz de Chellah ? Je suis resté, pendant 22 ans, codirecteur artistique marocain de ce festival, dont l'organisation est assurée par la délégation de l'Union européenne au Maroc et le ministère de la culture. Le directeur artistique européen du festival change, quant à lui, toutes les cinq années. Je ne vois pas de mauvais œil que les organisateurs procèdent à des changements pour des idées nouvelles. Je garde toujours des liens forts avec le Festival de Chellah que je considère mon bébé et que j'aime voir grandir et réussir. D'ailleurs, je faisais partie des artistes ayant participé à la dernière édition de ce festival. Qu'en est-il de votre projet d'enseignement du jazz au Maroc ? J'ai commencé cette expérience lorsque j'étais enseignant de musique au conservatoire à Rabat. Je voulais créer, avec le soutien du directeur de l'époque, qui était un ami, de master class. J'ai commencé à en faire au conservatoire. J'ai voulu inviter pour la même raison de grands jazzmen et amis au conservatoire. J'ai pu y faire venir la grande figure de jazz Randi Winston, qui nous a quittés en septembre dernier. Mais j'ai dû avec le temps arrêter ce projet avec mon départ du conservatoire pour m'occuper de ma musique. Mais je souhaite et appelle toujours à la création d'une classe de jazz au sein de chaque conservatoire de jazz.