Les rencontres littéraires étaient nombreuses lors de la 11ème édition du SIEL. Le mardi 15 février, une table ronde sur la poésie marocaine a eu lieu à 18 heures à la salle Ahmed Sefrioui de la Foire internationale de Casablanca. La poésie marocaine était au centre du débat, le mardi 15 février à la salle Ahmed Sefrioui. Organisée en marge de la 11ème édition du Salon international de l'édition et du livre (11-20février), cette table ronde a rassemblée plusieurs noms de la poésie marocaine. Ahmed Tayeb El Alj, Hafsa Lamrani, Fatema Chahid, Mohamed Loakira, Mohamed Salhi,Youssef Ouahboune ainsi que Ghita El Khayat étaient tous là pour parler de la poésie marocaine. Les éditions Marsam ainsi que Aïni Bennaï en ont profité pour faire connaître leurs toutes dernières parutions et les poètes qu'ils ont édités. Le thème central de la table ronde consistait à parler de l'état de la poésie marocaine d'aujourd'hui. Une poésie qui est en mal de développement faute de financement. Ce thème a suscité une vive réaction de la part des participants. Ils étaient tous tentés de parler des problèmes interminables et des phases difficiles que traverse la poésie marocaine. D'ailleurs, personne, parmi les poètes présents, n'a pu s'empêcher d'évoquer cela. Le poète Mohamed Loakira a même parlé d'une réticence de la part des éditeurs. «Nos éditeurs refusent de plus en plus d'éditer des recueils de poésie en stipulant que ce n'est guère rentable». Et d'ajouter : «J'ai eu la malencontreuse chance d'assister, ici même au salon, à une discussion entre un éditeur et son client». L'éditeur voulait faire comprendre à son client, un poète, qu'il accepterait de publier tout, sauf des recueils de poésie. Mais pour s'offrir un semblant de satisfaction ne serait-ce que morale, le poète a indiqué que cette situation est presque similaire dans tous les pays du monde. Un constat est là. La poésie ne se vend pas. Mais alors dans ce cas, que faudrait -il faire ? Le poète n'a pas le choix et dans la majorité des cas il doit se soumettre aux aléas du métier de poète qu'il a choisi. «Nous sommes nombreux à dormir sur nos invendus», a renchéri Mohamed Loakira. La crise de la poésie marocaine est un thème qui est revenu tout au long de cette rencontre. Cependant pour éviter de tomber dans les interminables lamentations et pour ne pas ennuyer le public, certains poètes ont même évité de parler des problèmes. Tayeb El Alj, par exemple, s'est contenté de lire un extrait de son recueil de poésie en Zajal qui vient de paraître dans les éditions Marsam. La poétesse Hafsa Lamrani qui publie même en langue anglaise a parlé du sens de la poésie et du poète. «Le poète est un voleur d'instants éphémères qu'il offre à son lecteur». La poésie selon Hafsa Lmarani investit le champ de l'amour. Toujours dans ;le cadre des définitions, Youssef Ouahboune a déclaré que le mot poète est très difficile à définir. « Le mot poète possède un sens social et éditorial. Cet auteur marocain a soulevé la question du rapport entre la peinture marocaine et la poésie. D'après lui la peinture marocaine a un grand impact sur la poésie. « Nos poètes se sont souvent inspirés des peintres marocains » . Youssef Ouahboune, a parlé de son propre cas et donné l'exemple de Mohamed Loakira qui, perplexe, a fait un geste de la tête pour ne pas le contredire. Pour Fatema Chahed qui a plongé dans la poésie dès saa prime enfance (9 ans), a déclaré que le poète est un rêveur, un marginalisé. «Dans les sociétés qui donnent beaucoup plus d'importance à l'économie, le poète est mis à l'écart, il est considéré comme un rêveur et donc un improductif», a affirmé Fatema Chahid. Cette dernière a aussi parlé du fait qu'il existe très peu de maisons d'éditions qui osent publier de la poésie. Vers la fin de chaque intervention, les poètes présents ont fait une lecture de quelques extraits de leurs derniers recueils. Une lecture qui a fait oublier pendant un laps de temps tous les problèmes de la poésie marocaine. Des problèmes quotidiens inhérents au quotidien de l'artiste.