Le procès de la bande à Laâfora-Slimani s'est ouvert mercredi 16 février devant la Cour d'appel de Casablanca. Les prévenus ont été appelés à la barre par le président de la séance qui leur a notifié les charges qui pèsent sur eux. La prochaine audience a été fixée pour le 18 mars. Ils sont tous venus, ils sont tous là. “Ils“, ce sont les prévenus du premier grand procès du Maroc nouveau qui a démarré mercredi 16 février devant la chambre 5 de la Cour d'Appel de Casablanca. Au total, 17 accusés dans cette affaire retentissante qui a trait à la rapine qu'a subie Casablanca sous l'ancien système. D'ailleurs, la ville s'est constituée partie civile. Dégageant une grande sérénité, le président de la séance, le juge Mustapha Farès appelle à la barre une à une les personnes mises en cause, toutes encadrées par des policiers en uniforme, pour vérification d'identité et notification des chefs d'accusation. Une tâche expédiée en moins de 30 minutes. Il y a d'abord les stars de ce dossier complexe, ceux qui étaient naguère dans les grâces du pouvoir qu'ils incarnaient à leur façon : Abdelaziz Laâfora, ex-gouverneur de la préfecture d'Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, Abdelmoughit Slimani, ex-président de la commune des Roches-Noires et patron de la communauté urbaine de Casablanca et Abderrahim Qanir, ancien député de Kénitra et promoteur de l'entreprise SCTP Consolidaire. Boule de nerfs, le premier tente d'afficher devant le public une certaine décontraction en souriant de temps à autre. Le second a beaucoup maigri et perdu de sa superbe malgré son élégance vestimentaire. Cela se voit à la pâleur du visage qu'il arbore. L'ombre ne lui réussit guère. Tiré à quatre épingles, le troisième, tenu pour être l'homme de paille de Hicham Basri, semble déterminé du moins dans sa démarche. Outre quelques fonctionnaires du ministère des Finances et des communes en cause, le reste des co-accusés, plus ou moins connus, ont pour noms El Amine Demnati et Abdellatif Chraïbi (architectes), Lahcen Haïrouf et Taâloucht Al Hafiane respectivement ex-président et ex-secrétaire général de la commune d'Aïn Sebaâ, Mohamed Boudhir, ancien secrétaire général de la commune de Roches-Noires, l'entrepreneur Boujemaâ El Youssfi et un banquier du nom de Azeddine Bakraoui. Parmi les protagonistes, il y a donc quelques gros poissons et du menu fretin. Sur chacun d'eux pèsent des charges aussi diverses et lourdes que les malversations et détournements de deniers publics, corruption, abus de pouvoir, faux et usage de faux et complicité. La panoplie intégrale du pillage économique et financier conjugué à l'utilisation de l'autorité à mauvais escient.À cette belle brochette de prévenus, il faut ajouter les témoins qui ont été entendus par le juge d'instruction Jamal Serhane. Ces derniers ne se sont pas présentés devant la Cour. À ce qu'il paraît, ils n'ont pas reçu la citation à comparaître. Au rang de ces absents, quelques noms illustres qui avaient un poids important dans la gestion des affaires de Casablanca mais qui ont su, semble-t-il, s'arranger pour tirer leur épingle du jeu. À tout seigneur tout honneur, Mohamed Kemmou, ex-président de la commune de Hay-Hassani et ancien véritable patron de la communauté urbaine de Casablanca et Abderazzak Afilal, l'ex-président de la municipalité d'Aïn-Sebaâ, entité qui se trouve au cœur de la tempête judiciaire qui se prépare. Ces gens-là ont certainement beaucoup de choses à dire. Comment-vont-ils se comporter avec les questions précises du président Farès ? Quelle stratégie de défense vont-ils adopter face à leurs amis d'hier, aujourd'hui au banc des accusés ? Un Slimani, que l'on dit naïf, osera-t-il enfoncer son ex-colistier Kemmou? Une chose est sûre : les débats s'annoncent passionnants. Les révélations fracassantes. Le nom de l'ex-ministre de l'Intérieur Driss Basri qui traverse l'ensemble de cette histoire ne manquera pas d'être cité par les uns et les autres Le dossier d'accusation, gros de plus de 600 pages et que la Cour n'a pas encore eu le temps d'examiner, ne compte que des bombes.