La diffusion des films pornographiques à la télévision a récemment suscité un large débat en France : comment empêcher que les enfants regardent de tels programmes ? En novembre dernier, un rapport élaboré par la philosophe Blandine Kriegel sur «La violence à la télévision» est remis au ministère français de la Culture et de la Communication. Il recommande l'interdiction des «programmes violents ou pornographiques» à la télévision entre 7H00 et 22H30, soit durant les plages horaires susceptibles d'être regardées par les enfants. Si elle « ne recommande pas l'interdiction » de la pornographie sur le petit écran, cette étude commandée en juin 2002 préconise toutefois des dispositifs afin de mettre «hors de portée des enfants » ces « spectacles». Parmi ces mesures, figurent la mise en place d'un système de « double cryptage ou de paiement à la séance », et la diffusion systématique de bandes-annonces avertissant le téléspectateur de ce qui l'attend... Blandine Kriegel a enfin demandé que les pouvoirs de la Commission de classification des films soient étendus aux DVD, vidéos et jeux vidéos. Bien avant la publication de ce rapport, le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'était lui aussi lancé en juillet dans de telles discussions avec les différentes chaînes françaises. Lesquelles s'étaient engagées en octobre à diffuser les programmes pornographiques en dehors des plages dites protégées. Certains, comme le président de TPS Emmanuel Florent, ont même proposé de supprimer ces films sur leurs chaînes. Autant dire que le débat est animé... Et pourtant, la proposition de loi déposée par certains députés de droite n'a fait qu'un bref passage à l'Assemblée nationale ! Examiné en première lecture, le 12 décembre, le texte, jugé trop conservateur, n'a fait que raviver les divisions de la droite sur la question. Sur les 80 chaînes conventionnées, 8 sont concernées pour une diffusion totale de près de 900 films pornos mensuels. Que dit le monde du cinéma de tout cela ? Il s'est surtout mobilisé depuis novembre contre le projet Kriegel de soumettre les visas d'exploitation des films à la double tutelle du ministère de la Culture et de celui de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées. L'Association des réalisateurs-producteurs a notamment parlé d'un amendement «qui fait du cinéma le bouc émissaire de la lutte contre la violence à la télévision». «Alors que les films de cinéma ne représentent que 3 % de la programmation des chaînes de télévision, la création cinématographique constitue à ce jour la production qui est la plus et la mieux encadrée en matière de protection des mineurs contre la violence et la pornographie», a-t-elle souligné.