Cinq filles, dont une mineure, qui se faisaient passer pour des prostituées pour attirer leurs clients devant des malfaiteurs, ont été mises dernièrement hors d'état de nuire par la Gendarmerie royale de Harhoura en flagrant délit de cambriolage d'une villa. Elles sont cinq filles, dont l'une est une mineure de quinze printemps. Elles demeurent toutes dans la partie bidonvilloise du quartier Youssoufia, à Rabat où sont présents tous les ingrédients de la criminalité, entre autres, la pauvreté et le chômage, la consommation d'alcool et de drogues. Les filles, dont quatre sont âgées d'une vingtaine d'années, sont nées et ont grandi dans ce milieu, sans complexe et sans problèmes. Lorsque qu'elles ont commencé à raisonner, elles ont remarqué que la délinquance ambiante ne semble pas avoir eu d'effet négatif sur les habitants du quartier -ni sur elles-mêmes -, qui n'éprouvent ni honte, ni atteinte à leur dignité. Effectivement, il s'y trouve des familles qui jouissent d'une bonne réputation, avec des enfants qui poursuivent avec succès leurs études ou qui gagnent honnêtement leur vie. Seulement, aucune des cinq filles n'en fait partie. Au départ, c'est la plus ancienne d'entre elles dans le monde de la délinquance qui a influencé les autres, leur disant qu'elles sont obligées de gagner leur vie en recourant à n'importe quel moyen ; prostitution, vol, escroquerie… Tous les moyens sont bons pour avoir de l'argent, affirme-t-elle. Et elles sont passées à l'action. Au début, chacune d'elles faisait un tour en ville, en quête d'un client. Bref, elles se faisaient passer pour des prostituées en quête d'un homme qui veut passer quelques minutes en leur compagnie. Une fois que l'homme tombe dans leurs filets, elles n'hésitaient pas à le conduire dans leur quartier, prétendant y disposer d'un foyer aménagé pour les plaisirs. En principe, elles opéraient la nuit. Arrivant sur les lieux du quartier bidonvillois, le client se trouve cerné par un groupe de jeunes gaillards, qui l'obligent à leur remettre tout ce qu'il porte sur lui : montre, téléphone portable, bijoux, effets vestimentaires et argent. Si le client manifeste la moindre résistance, les coups de poing et de pieds et les menaces avec les couteaux et les épées l'obligent à obtempérer sans trop de dégât. Les cinq filles ont effectué une dizaine d'opérations de ce genre. La dernière remonte à quelques jours quand l'une d'entre elles a été sollicitée par un ressortissant marocain en Hollande, qui venait passer quelques semaines dans son pays natal, de monter dans sa voiture. La fille, qui se faisait passer pour une prostituée, a commencé à marchander avec lui. D'un mot à l'autre, ils ont convenu du montant (un billet bleu). Plein de joie, le MRE, qui bavardait avec elle, conduisait sa voiture en empruntant le chemin qu'elle lui indiquait. Quelques minutes plus tard, ils sont arrivés au quartier Youssoufia pour se garer devant une baraque. Ils y sont entrés pour se retrouver face à deux gaillards qui ont sommé le client de leur remettre tout ce qu'il portait sur lui. Devant son refus, l'un d'entre eux lui a donné un coup de poing, alors que l'autre l'a menacé d'un couteau. Le client a fini par vider ses poches, en en sortant une liasse de 10 mille dirhams, un téléphone portable et une bague en or. Ils lui ont également pris ses chaussures de sport. Après quoi, il est sorti sans dire mot et a rebroussé chemin sans déposer plainte. Lasses de ces tâches de fausses prostituées, les cinq filles ont décidé de passer à autre chose, c'est-à-dire au cambriolage des villas. Leur première opération a ciblé une demeure située à Harhoura, dans la préfecture de Skhirat-Temara. Armées de rasoirs, elles se sont rendues, la nuit, sur les lieux. Une fois assurées qu'elles n'ont été remarquées par personne, elles ont escaladé le mur de la villa et s'y sont introduites sans peine. Elles sont arrivées ensuite à défoncer la porte donnant à l'intérieur pour commencer à visiter les lieux. Seulement, le bruit a réveillé la propriétaire de la villa qui est sortie de sa chambre pour voir ce qui se passait. Surprise d'être attaquée par cinq filles, elle leur a dit prendre tout ce qu'elles voulaient, mais de ne pas la toucher. Sa fille, qui était au premier étage, s'est réveillée également après avoir entendu les bruits et une conversation émanant du rez-de-chaussée. Sans faire de bruit, elle a téléphoné aux éléments de la gendarmerie du centre de Harhoura. Ces derniers n'ont pas perdu de temps pour sauter dans leur véhicule et arriver en un temps record sur les lieux. Et ils ont surpris les cinq filles cambrioleuses en flagrant délit de. Ils les ont arrêtées et les ont conduites devant la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Rabat.