Il faudra finalement une talonnade subtile de Iago Aspas sur un centre de Carvajal, d'abord signalée hors-jeu, mais validée par la VAR, pour que l'Espagne s'en sorte avec un match nul. Quelle fut grande et magistrale la sélection nationale qui s'est obstinée à rendre sa dernière apparition à la Coupe du monde Russie 2018 mémorable. Face à la formation espagnole, tout le monde s'accordait à dire que la logique était implacable et qu'il serait difficile à une formation absente depuis deux décennies de la compétition de tenir tête à une Espagne championne du monde en 2010. Pourtant le Maroc a fait une entorse à cette logique allant jusqu'à intimider son adversaire. La réalité du terrain est venue balayer toutes les idées reçues d'un revers de la main. Lundi soir à Kaliningrad, l'Espagne s'est faite très, très peur. Menés deux fois au score, les Espagnols ne doivent leur première place qu'au match nul entre le Portugal et l'Iran. Cette belle empoignade couronne les efforts d'un Maroc magnifique, accrocheur et discipliné, qui sort du Mondial la tête haute, comme celle de Youssef En-Nesyri. La domination beaucoup trop stérile de la Roja ne lui a pas permis de dicter sa loi, car sur la pelouse de Kaminingrad, ce sont les Lions de l'Atlas qui ont imposé le tempo. Avec le forfait de Mehdi Benatia, le rôle de capitaine a été attribué à Mbarek Boussoufa qui a serré la main à Sergio Ramos au moment de lancer les hostilités. On remarquait clairement la différence de taille entre les deux joueurs. Beaucoup se sont amusés à dire que le duel semblait déjà bien déséquilibré d'emblée. Mais les premiers signes de la forte détermination marocaine ont vite fait de les rendre dubitatifs. À la suite d'un contrôle un peu long d'Andrés Iniesta, Ramos hésite à intervenir, mais pas Boutaïb, qui fonce vers le but et frappe du gauche entre les jambes de David de Gea (0-1, 14e). Un vrai coup de massue qui a eu pour effet de réveiller les joueurs de la Roja. Les hommes à l'œuvre? Iniesta et Isco, qui combinent comme des chefs sur le côté gauche. Avec sang-froid, le Madrilène couche Munir d'une feinte de frappe, puis loge le cuir sous la barre (1-1, 19e). Etait ce la fin de l'inconstance ibérique ? Toujours pas, puisque Ramos laisse encore Boutaïb s'échapper, mais l'attaquant sort cette fois-ci perdant de son duel avec De Gea. Face à l'obligation de résultat pour terminer leader de son groupe, l'Espagne peine à être souveraine. Bien qu'elle ait adopté son style de jeu habituel consistant à multiplier les passes courtes pour décontenancer l'adversaire, elle s'est heurtée à une équipe malicieusement bien placée. Ce n'est que grâce aux erreurs arbitrales qu'elle a pu s'extirper de cette zone inconfortable dans laquelle le Maroc l'a obligée à s'installer. Et c'est là où le bât blesse. Les décisions de l'homme en jaune ont été sévères envers les joueurs marocains. Une main de Gerard Piqué à l'entrée de la surface n'est pas sifflée par le corps arbitral et a eu l'effet catalyseur. La tension monte encore d'un cran, et Ramos capitule une nouvelle fois : Youssef En-Nesyri saute plus haut que la légendaire défense espagnole et place le ballon de la tête dans les filets (1-2, 82e). Il faudra finalement une talonnade subtile de Iago Aspas sur un centre de Carvajal, d'abord signalée hors-jeu, mais validée par la VAR, pour que l'Espagne s'en sorte avec un match nul qui lui permet, tant bien que mal, de terminer en tête de son groupe. Ce but d'égalisation a provoqué un tollé. In fine, pour clore ce chapitre sur une note positive, l'équipe nationale a prouvé que ce n'est pas la destination qui compte mais le voyage en lui-même. Après une absence de 20 ans, les joueurs ont livré une prestation de qualité qu'on ne risque pas d'oublier de sitôt.