Il y a des différences profondes entre les deux Sharon. L'ancien ne faisait pas confiance aux Palestiniens. Le nouveau oui. L'ancien, par principe, ne croyait pas à un accord final. Le nouveau ne croit en rien d'autre. Ariel Sharon semble s'être transformé, en homme «nouveau», et sa situation apparaît, aujourd'hui, excellente. La semaine dernière, les événements ont prouvé que Sharon serait, tout simplement, génial, considère un analyste du quotidien israélien Haaretz. En très peu de temps, le «nouveau» Sharon a réussi à l'emporter sur l' «ancien» Sharon. Il a manœuvré sa position traditionnelle vers une nouvelle voie dont il lui sera impossible de sortir : encore quelques mois de calme et le résultat sera sans équivoque. Le « nouveau » Sharon ne laissera aucune trace à l'œuvre de son ancienne voie. Il y a des différences profondes entre les deux Sharon. L'ancien ne faisait pas confiance aux Palestiniens. Le nouveau oui. L'ancien, par principe, ne croyait pas à un accord final. Le nouveau ne croit en rien d'autre. Pour l'ancien, dans les frontières de 67, ce serait la fin d'Israël. Pour le nouveau, le même Israël, au-delà des frontières de 1967, n'est pas viable. Dans une telle conception globale, considère l'analyste Uri Shavit, des stratégies opposées ont été développées par Sharon. Dans une première version, la durée d'une génération au moins, était nécessaire pour arriver, par étapes, à la paix. Actuellement la paix s'établira dans un an, donc, c'est la «paix maintenant». Les deux Sharon ont une version, totalement différente, du désengagement de la Bande de Gaza. L'ancien espérait que le retrait de Gaza gèlerait le processus politique. Le nouveau considère qu'il doit l'accélérer. L'autre croyait que l'évacuation de 20 colonies seulement, renforcerait la situation des centaines d'autres. Le nouveau Sharon considère que cela mènera obligatoirement, au retrait des autres. Les divergences des «deux Sharon» sont profondes. Et, selon Uri Shavit, même au cours des dernières années, les « deux » ont parlé le même langage et préconisé les mêmes actions. Mais il y avait, entre eux, un combat de géants. Bien sûr, jusqu'à la mort de Yasser Arafat, l'ancien l'emportait et sa malice bien connue faisait ses preuves, contre toutes concessions virtuelles, comme l'acceptation de deux Etats, ou de la « feuille de route ». Il avait obtenu une pause concrète, en affirmant que la sécurité viendrait avant la paix, en refusant des négociations sous le feu. Ce succès « concret », croyait-il, souligne encore Uri Shavit, garantissait que tout resterait sous son contrôle. Puis Yasser Arafat est décédé. En deux mois les Palestiniens apparaissent encore des « hommes de la paix » et Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen » a réussi à convaincre le monde entier qu'il était sur la voie de la paix. Soudain, la charge de la preuve, constate Uri Shavit, est retombée sur Israël pour le respect des engagements. L'ancien Sharon s'est, ainsi, retrouvé sans bouclier et le nouveau se retrouve en route vers l'Etat palestinien, l'accord final et les frontières de 1967… Certes, le combat n'est pas encore achevé. Il ne faut jamais sous-estimer les capacités de l'ancien Sharon de surprendre. Il est actuellement, considère Uri Shavit, le seul grand dirigeant restant aux commandes des Israéliens. D'autant qu'il ne faut pas sous-estimer la capacité des Palestiniens de «poursuivre un combat, en laissant le Hamas relever sans cesse la tête», arrivant à faire revenir sur scène l'ancien Sharon… Mais si Abou Mazen était amené à ôter son costume pour revêtir sa tenue de combattant, selon Uri Shavit, l'ancien Sharon serait moins assuré. Dans tous les cas, au cours de la semaine dernière, la visite de Condolezza Rice, secrétaire d'Etat des Etats-Unis, et le sommet de Charem-El-Cheikh, ont démontré la victoire du nouveau contre l'ancien Sharon.