Dans Haaretz on peut lire, le 26 avril 2005, un article de l'analyste, Alouf Ben, intitulé : « La Doctrine de Sharon ». Ce texte est un conclusion de la part de Alouf Ben des interviews données par Ariel Sharon, aussi bien au journal Haaretz qu'à celui de Yediot Aharonot, à la veille de la grande fête religieuse de Pessah (La Pâque). Selon l'analyste, Ariel Sharon veut rester à la tête de son gouvernement. Il se considère le seul à pouvoir affronter les défis d'Israël. Quelle vision offre-t-il à son peuple ? En réponse, Alouf Ben constate que dans les interviews à l'occasion de Pessah, Sharon a, en fait, développé ce que l'on peut appeler «sa doctrine». Cette doctrine comporte cinq principes fondamentaux : 1/- La profondeur de la paix est proportionnelle à celle de Jérusalem Selon Sharon, la solution du conflit israélo-palestinien n'arrivera que lorsque tous les Etats arabo-musulmans auront reconnu le droit naturel du peuple juif à édifier son Etat en Eretz-Israël. Mais, jusqu'à ce que cela arrive, Sharon pense que les progrès seront lents, très lents… 2/ Les faits sur le terrain fixeront les frontières Sharon considère qu'Israël doit contrôler les blocs de colonies, y compris ceux de « Maalé Adounim, Ariel, Ofra et Bel-El» qui seront liés territorialement à la ligne verte, ainsi qu'un large couloir dans la dépression du Jourdain. Pour des raisons démographiques, Israël évitera d'annexer les pentes occidentales de Cisjordanie-Nord (Samarie) et doit envisager, dans l'avenir, des échanges de territoires peuplés, comme «Ariel et Maalé Adounim» en contrepartie de «Oum El Fahem». Les centres de populations palestiniennes seront reliés, entre eux, par des routes et des tunnels… 3/ L'éradication du terrorisme d'abord Selon Sharon, le processus de la «feuille du route» menant à la création de l'Etat palestinien ne pourra commencer qu'après le démantèlement des organisations terroristes et du potentiel terroriste. Il est, donc, interdit à Israël de renoncer à cette exigence… 4/ Gaza contre la rive occidentale du Jourdain (Cisjordanie) L'évacuation des colonies de Gaza est le prix légitime, en contrepartie de la lettre de Bush, qui, selon Sharon, perpétuerait la domination d'Israël sur les blocs de colonies et éviterait tout nouveau retrait des parties de la « patrie historique ». 5/ La Alya (montée-immigration) Le principal objectif doit, selon Sharon, amener un million de « Olim » (immigrants), tant de l'ancienne Union Soviétique, que de France, ou parmi les Juifs pauvres d'Amérique. Ils doivent être installés essentiellement au Néguev, en Galilée et autour de Jérusalem. Il faut, d'autre part, renforcer l'éducation nationale et faire ressortir les droits des Juifs sur « Eretz-Israël » (la terre d'Israël). L'analyste Alouf Ben considère toutes les déclarations de Sharon dans ses dernières interviews aux grands journaux israéliens, comme pouvant apparaître des slogans vides, à but essentiellement politique. Mais Sharon a fait passer le budget et n'a plus besoin du soutien de Yossi Beilin (chef de la gauche). Le parti travailliste est profondément bloqué dans sa coalition, droite-travailliste-religieux. Pour lui, c'est donc l'heure de se rapprocher à nouveau, - d'abord, de son parti, le Likoud, et de la droite traditionnelle ou extrémiste. Il caresse les colons, «ces meneurs de la génération», selon lui. Demain, Sharon pourra évacuer de nouvelles colonies et chasser les colons: peut-être « oui », peut-être « non ». Mais ce qui reste certain, seulement, est l'exigence de Sharon d'obliger des Arabes à accepter « le sionisme ». Le retrait de Gaza vise, donc, à sauver la domination israélienne dans la rive occidentale. Par sa politique, il veut éviter toute négociation sérieuse avec les Palestiniens, afin de continuer le développement des blocs de colonies et éviter de démanteler des implantations et de geler des constructions nouvelles. Pour l'analyste, Alouf Ben, la vision de Sharon soulève deux problèmes. D'abord la nostalgie des vieilles pierres a-t-elle, vraiment, un attrait pour la jeune génération ? Aura-t-il derrière lui assez de soldats pour combattre au profit du dernier rocher de la rive occidentale (Cisjordanie) ? En réalité, il n'est pas étonnant que Sharon ait besoin des colons. Car, il craint que le retrait de Gaza ne les amène à s'enfermer sur eux-mêmes, dans un ghetto. D'autant qu'il serait douteux que les nouveaux admirateurs travaillistes ou de gauche se mobilisent avec le même enthousiasme pour la défense des blocs de colonies de «Ofra et de Bet-El». Ensuite, sur le plan extérieur, Sharon qui, en Israël, est considéré comme un modéré, est un homme de droite qui semblerait être passé à gauche. Par contre, à l'étranger, Sharon reste, comme un «dévoreur de territoires». A présent, tout le monde se félicite de le vouloir sortir de la bande de Gaza. Tous vantent son courage. Cependant en Europe, on rejette sa doctrine « des faits accomplis » par des décisions «unilatérales». Aussi, les Européens continuent à coordonner la présence d'Israël dans les territoires palestiniens comme illégale. Même le Président Bush, le grand ami de Sharon, veut la création de l'Etat palestinien, sans tarder, - mais ce n'est pas tout à fait le cas de Sharon-, avertit l'analyste. En conséquence, la vision de Bush constitue la probabilité la plus forte : le combat politique de son pays et son isolement dans le monde persisteront tant qu'un Ariel Sharon, - tel qu'il est, restera au pouvoir d'Israël…