Trois candidats sont en course pour la présidence du gouvernement israélien. Il s'agit de Amir Peretz pour les Travaillistes, Benyamin Netanyahou pour le Likoud et le Premier ministre par intérim jusqu'aux élections, Ehud Olmert, pour Kadima Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, doit quitter la scène politique après sa crise cérébrale, depuis le 4 janvier. Les médias internationaux suivent sa situation désespérée, mais les journaux locaux s'intéressent, aussi, à la conclusion politique, dans cette période de campagne pour les élections législatives qui auront lieu le 28 mars prochain. Trois personnalités sont, à présent, en course principalement : Amir Peretz pour les Travaillistes (Avoda), Benyamin Netanyahou pour le Likoud (droite) et le remplaçant, déjà admis, et Premier ministre par intérim jusqu'aux élections, Ehud Olmert, pour Kadima (modéré). Benyamin Netanyahou sait que ses adversaires redouteraient son élection à la tête du nouveau gouvernement israélien. Il n'a aucune chance, car la majorité du corps électoral semble modérée. Les électeurs, en majorité auprès de Kadima ou des Travaillistes, savent qu'il veut combattre le terrorisme, sans rien lui céder, sans évacuer la moindre colonie en Cisjordanie. Prétendant que tout retrait «secouerait la société» et mettrait en péril son «sentiment de sécurité». Sur le plan économique, il a ouvert le marché local à toute la concurrence mondiale pour réaliser sa «vision économique et sociale». En sa qualité de ministre des Finances de Sharon, il n'a réussi qu'à bouleverser le marché et le social israéliens. En un mot il refuse tout vis-à-vis des Palestiniens et accorde tout à la concurrence. Il n'a qu'un message «faire peur»… Amir Peretz aussi semblait, dès le départ, «faire peur». Pour les «modérés», - la majorité de l'opinion israélienne -, Sharon était considéré comme seul capable de satisfaire leur aspiration profonde à «un peu de calme». Au-delà, dit-on, de la paix chaude ou froide, de la justice sociale ou de la régulation de la concurrence, du Grand ou Petit Israël, des barrières de sécurité (murs de frontière), de la coopération avec les Palestiniens, de la négociation ou pas avec eux. Tout, pour eux, semblait effacé, ne restant désespérément que le choix de la «tranquillité». Pour eux, seul Sharon pouvait «tout faire», sans avoir à l'expliquer… Donc pour la gauche, il était certain que Sharon évacuerait les «territoires de Cisjordanie», (la droite n'espérant pas plus qu'il gagnerait du temps). Donc, Amir Peretz est venu avec ses seules préoccupations sociales, complexes et pas toujours populaires malgré la lutte voulue contre la pauvereté et les écarts siciaux. Ce nouveau président travailliste (Avoda) ne voulait pas s'intéresser au conflit israélo-palestinien, aux problèmes des Palestiniens en se réfugiant dans un slogan : «Il n'y a pas, de toute façon, de partenaire». Pour Amir Peretz, il suffit de se séparer des Palestiniens, leur donner leur Etat et tout ira bien… Le syndicaliste, Amir Peretz, devra changer de langage et rassurer ceux qui ont «peur» en véritable dirigeant national. Les problèmes sociaux à résoudre, mais aussi ceux des Palestiniens à lever, avec un Etat palestinien, des frontières définitives à négocier et une véritable paix à construire dans la négociation. Lorsqu'on commence à parler d'Ehud Olmert, on doit tout d'abord rappeler qu'il va remplacer Ariel Sharon. Celui qui est décrit comme «identifiant Israël», un chef populaire tout en restant un Grand Militaire. Ehud Olmert a 61 ans et il est rentré en politique il y a quarante ans. Il sait, en politique, ce qu'il faut faire et ne pa faire. Ni plus ni moins que ses concurrents Benyamin Netanyahou ou Amir Peretz. Il sait que ni lui ni les autres ne pourront remplacer, totalement, Sharon «le père de la nation». Pour de nombreux analystes israéliens, il faut «fuir le retour à la politique sociale» (Tony Séguev), pour considérer le conflit avec les Palestiniens «au centre de la campagne électorale». Ehud Olmert, au cours de sa carrière, a toujours été un homme de droite. Il s'est converti, ces dernières années seulement, à une politique modérée, en même temps que Sharon, dont il est devenu ministre et vice-Premier ministre, après avoir abandonné la fonction de maire de Jérusalem, -proche des religieux-, pendant huit ans. On dit qu'il a, aujourd'hui, «dépassé ses rêves de jeunesse». Il a été celui qui a influencé Sharon en le convaincant de réaliser le désengagement «unilatéral» de la bande de Gaza. Ehud Olmert est, probablement, arrivé à la nécessité d'un accord, ou au moins d'un compromis avec les Palestiniens. Sur une base très proche de celle d'Amir Peretz, et plus large que celle des militaires qu'il soutenait. Il est, à présent, très loin de Benyamin Netanyahou. Il saura mener l'équipe de Kadima, s'il arrivait à régler, définitivement, les prétentions incompréhensibles de Shimon Peres, qui entend, toujours, être le numéro deux de droit (sinon, en réalité, le double numéro 1). A Kadima, Shimon Peres a deux concurrents au poste de second, la minisre Tsipi Livni et Shaül Mofaz, ancien chef d'état-major et ministre de la Défense de Sharon Et il est, enfin aujourd'hui, appelé par Amir Peretz à revenir au Parti travailliste, où il a fait toute sa carrière, pendant 60 ans ! Il est proposé, solennellement à Shimon Peres d'être le second sur la liste électorale travailliste, aux côtés de Ehoud Barak, comme numéro 3… Amir Peretz restant, bien sûr le numéro un !… Dans tous les cas, et quelle que soit la décision finale de Shimon Peres, la grande presse des quotidiens israéliens titre, dimanche, sur toutes ses premières pages : «Shimon…ça suffit !» ou «Colère à Kadima». Par ailleurs, l'éditorialiste du grand quotidien Haaretz, Uzi Benziman, va jusqu'à évoquer, déjà, le legs de Sharon. Alors que le malade est sur son lit d'hôpital, selon l'éditorialiste, on commence à parler «de son legs, dont les dirigeants de Kadima se disent héritiers». Ils sollicitent la confiance du public et prétendent savoir ce qu'il aurait fait. Pour être crédibles, les dirigeants doivent faire «un effort intellectuel pour mieux définir le legs de Sharon». La difficulté de définir son programme en dehors de toutes les contradictions érigées, dit-on, pour éviter de «dévoiler les cartes», restera dans le brouillard, car Sharon est sorti de l'arène politique trop vite. Kadima aura à définir sa tactique et à clarifier la conception du monde de son fondateur et, en particulier les positions conciliantes qui lui sont prêtées. Sans un message et un vrai programme, Kadima n'ira pas loin aux yeux des électeurs lucides et exigeants.Certes, Kadima a, déjà, tracé les grandes lignes de son programme politique, sans Ariel Sharon: l'acceptation d'un Etat palestinien, en tant qu'étape finale du conflit israélo-palestinien, sous tous ses aspects. Mais Kadima, aujourd'hui, représentant un courant central de l'opinion israélienne, doit sortir du risque «d'un épisode sans lendemain». Il doit définir un programme tenant compte de l'avis fondamental de son partenaire ou adversaire. En particulier Kadima doit respecter la partie essentielle du legs de Sharon: «Il faut s'éloigner de la droite, du Likoud et de Netanyahou…».