Plusieurs voix s'élèvent pour presser l'Irak d'aller de l'avant dans la coopération avec les inspecteurs en désarmement des Nations Unies. La dernière en date vient d'Ankara dont les dirigeants ont débattu du rôle que doit jouer la Turquie si une guerre contre l'Irak éclatait. Plusieurs voix s'élèvent pour presser l'Irak d'aller de l'avant dans la coopération avec les inspecteurs en désarmement des Nations Unies. La dernière en date vient d'Ankara dont les dirigeants ont débattu du rôle que doit jouer la Turquie si une guerre contre l'Irak éclatait. La Turquie est dans une position inconfortable, car son opinion publique est largement opposée à la guerre, alors que les Etats-Unis ne cessent de presser ses dirigeants de s'engager militairement à ses côtés contre Saddam Hussein. On se demande aujourd'hui s'il y a eu des changements dans la position turque vis-à-vis de l'Irak depuis l'avènement d'un gouvernement islamique largement majoritaire. La confusion est due à des déclarations imprudentes, et parfois contradictoires, de responsables turcs. S'agit-il de gaffes de débutants (le gouvernement a moins de deux mois) ou d'un vrai changement d'attitude ? En fait, quels sont les paramètres connus de la politique d'Ankara à propos de Bagdad ? À la lumière de recoupements et de précisions, à propos de l'utilisation par les Américains de bases turques, on peut cerner ainsi la position actuelle de la Turquie : Elle ne veut pas d'une guerre à ses frontières. Si l'Administration américaine veut cette guerre, il faut que celle-ci soit légitimée par une nouvelle résolution du Conseil de Sécurité. Elle ne peut donc adhérer à une frappe que si ces conditions sont réunies. Les marchandages continuent, car les enjeux sont aussi d'ordre intérieur. La perspective d'un conflit affaiblit le camp des modérés. Une guerre dévastatrice avec son lot de victimes innocentes et de ruines ne peut que faire obstruction au désir de paix, de démocratie et de progrès dans le pays. Les jusqu'au-boutistes d'Ankara se conforment eux à leur logique atlantiste tout en cherchant à générer des dividendes : les Kémalistes purs et durs de Turquie veulent des contreparties économiques importantes de la part des Américains et une part du gâteau dans l'Irak post-Saddam. Les nouveaux dirigeants turcs ne veulent pas s'aliéner une armée aux ordres de Washington depuis belle lurette, en contrariant les plans de Washington. Mais, ils ne peuvent pas non plus appuyer ouvertement la guerre et ainsi renier de manière flagrante leurs engagements électoraux et leur orientation islamiste. Les cafouillages sur la position turque ne sont décidément pas prêts à cesser.