Washington temporise, alors que l'ONU exhorte Bagdad à coopérer. Les inspecteurs onusiens soulignent que le rapport qu'ils soumettront à cette date au Conseil de Sécurité ne sera qu'un rapport d'étape. Londres se réserve le droit d'attaquer sans repasser par le Conseil de sécurité. Washington vient de renforcer son unité de liaison avec Tel-Aviv, dans la perspective de la guerre programmée contre l'Irak. Cette mesure intervient en prélude à un exercice militaire américano-israélien impliquant des batteries de missiles antimissile « Patriot ». Parallèlement à cette coordination, les Etats-Unis voudraient déployer des bombardiers « Furtifs » en Turquie. 150 spécialistes militaires américains viennent d'arriver dans ce pays pour inspecter des aéroports, à cet effet. L'Administration américaine voudrait déployer des avions F-117 et B-2, capables d'échapper aux radars irakiens. Dans cette logique de guerre, Londres se réserve le droit d'intervenir militairement contre Bagdad sans une seconde résolution de l'ONU, a fait savoir hier le Foreign Office. Il a rappelé que le Parlement britannique avait soutenu à la fin de 2002, une motion qui donnait au gouvernement « le droit de se saisir de la question sans résolution des Nations unies le cas échéant. Alternant le chaud et le froid, l'Administration Bush semble désormais mettre un bémol à l'éventualité d'une frappe contre l'Irak dans un délai proche, tandis que les chefs des inspecteurs en désarmement confirmaient que plusieurs mois d'inspections étaient encore nécessaires avant de déterminer si Saddam Hussein viole ses engagements. Les chefs des inspecteurs minimisent l'échéance du 27 janvier, soulignant que le rapport qu'ils soumettront à cette date au Conseil de sécurité ne sera qu'un rapport d'étape pour faire le point sur les deux premiers mois d'inspections. Ils rappellent qu'ils agissent selon leur propre calendrier, en dépit du déploiement militaire américain en cours, et qu'ils vont présenter, fin mars, une liste de tâches restant à accomplir par l'Irak pour mener à bien son désarmement... Ils se disent aussi préoccupés par le nombre croissant de soldats déployés par les Etats-Unis dans le Golfe. De nombreux pays continuent de se mobiliser et de mettre en garde contre le risque d'un conflit. À Bagdad ce week-end, les chefs des inspecteurs en désarmement de l'ONU, Hans Blix et Mohamed Ebaradeï, comptent demander à l'Irak des explications sur des zones d'ombre laissées par la déclaration irakienne sur ses armements remise aux Nations unies le 7 décembre dernier. En outre, ils comptent faire valoir à Bagdad qu'une liste de scientifiques présentée par l'Irak en vue d'êtres interrogés omet de nombreux noms. Une soixantaine de nouveaux membres va rejoindre l'équipe des inspecteurs sur les désarmement de l'Irak. La formation de nouveaux inspecteurs, en majorité des Arabes et des Américains, a commencé en début de semaine. Leur incorporation portera à 200 les effectifs d'inspection. En cas de guerre, Saddam Hussein restera au pouvoir « jusqu'à l'ultime coup de feu irakien », a prévenu son ministre des Affaires étrangères Tarek Aziz, alors qu'on continue de spéculer sur son éventuel départ en exil. Enfin, dans un tout autre registre, des responsables politiques et de compagnies pétrolières russes doivent se rendre ce mercredi à Bagdad pour signer un contrat d'exploitation d'un gisement dans l'Ouest irakien, non loin de la frontière jordanienne. Rappelons que Bagdad avait résilié le 12 décembre un contrat de 4 milliards de dollars signé en 1997.