Elle recèle un gisement annuel de près de 40 milliards de dirhams Il pèse plus de 20% du PIB hors secteur primaire et recèle un gisement annuel de près de 40 milliards de dirhams. Il s'agit du secteur informel qui ne cesse d'impacter l'économie nationale. Ce segment menace les 3 millions d'emplois existant dans le secteur formel et représente 10% de ses importations. C'est ce qui se dégage en gros de la dernière étude réalisée par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et dont les conclusions ont été présentées, jeudi 5 avril, à Casablanca. Le diagnostic établi a permis d'examiner les leviers de la compétitivité de l'entreprise marocaine. D'après le patronat, «la compétitivité ne peut provenir de quelques mesures conjoncturelles mais se construit dans le temps et initialement au niveau local. Elle ne peut par ailleurs être dissociée de l'environnement et de l'écosystème de l'entreprise». Le secteur informel freine en effet cet élan de compétitivité. La concurrence déloyale qu'engendre ce genre d'activité limite la rentabilité des secteurs pourvoyeurs de richesse et de rentabilité chamboulant ainsi les codes du marché national. Un revirement à impact significatif est en train de s'opérer. Au lieu que le secteur formel tire vers le haut l'informel, la courbe s'inverse. Nombreuses sont les entreprises qui glissent aujourd'hui du secteur formel vers l'informel. Consciente du danger que cette situation peut entraîner, la Confédération a proposé à travers cette étude des mesures d'intégration en vue de rendre le secteur formel plus attractif et de s'attaquer à l'origine des produits vendus qui ne sont soumis ni aux impôts, ni aux charges sociales et qui ne respectent pas les normes de conformité. «L'informel est une chaîne destructrice de valeur, qui crée de la précarité pour le capital humain, n'enrichit pas l'Etat, fait peser un grand danger sur notre tissu productif et qui nous somme d'agir et de prendre les mesures adéquates», soutient le patronat à ce propos. Les recommandations du secteur privé ont été partagées avec l'ensemble des parties prenantes. Citons dans ce sens le Haut Commissariat au Plan, la direction générale des impôts, l'administration des douanes et impôts indirects, Bank Al-Maghrib, ainsi que le ministère de l'intérieur et le ministère de l'industrie, de l'investissement, du commerce et de l'économie numérique. Les principales propositions (voir encadré) ont porté sur la réduction du gap de compétitivité fiscale entre le secteur formel et informel ainsi que sur l'accompagnement dans l'intégration des unités de production informelles à l'économie formelle. Le patronat a, par ailleurs, appelé à la lutte contre les leviers de l'économie souterraine, l'assèchement de la contrebande et la lutte contre la corruption. Les chefs d'entreprises ont par ailleurs souligné le rôle prépondérant que jouent l'éducation et la formation dans la lutte contre le secteur informel. Rappelons que l'étude de la CGEM a été menée suite à un appel à manifestation d'intérêt qui a été remporté par le cabinet Roland Berger. Les fédérations professionnelles ont également contribué à l'élaboration de cette étude aux côtés des chefs d'entreprises et représentants des pouvoirs publics. C'est dans ce sens qu'un comité de pilotage a été créé représentant ainsi les principaux secteurs et commissions souffrant de l'informel. Notons que l'étude s'est attardée dans un premier temps sur la caractérisation du secteur informel ainsi que ses impacts sur la compétitivité des entreprises. En outre, un benchmark a été mené avec des pays ayant suivi une stratégie réussie d'intégration du secteur informel, en l'occurrence le Chili et la Turquie.