Les propriétaires des cafés-narguilés ont soufflé le chaud et le froid, suite à la décision de la wilaya de Casablanca d'interdire la «Chicha». Dans la réalité, leur activité a repris de plus belle et séduit davantage les femmes. Le narguilé reprend souffle. À Casablanca, certains cafés se sont même spécialisés dans la «Chicha» et n'offrent désormais que cette pipe à eau orientale, faisant fi de l'interdiction de la wilaya quant à la consommation du «Maâssel» dans les lieux publics. Cette décision avait fait grincer des dents puisqu'elle a causé un manque à gagner aux propriétaires de ces cafés-narguilés. Aujourd'hui, fumer la «Chicha» est dans l'air du temps, surtout pour les femmes. Une tendance qui va crescendo et qui pousse les propriétaires de ces cafés à la suivre, en sachant pertinemment qu'ils violent la loi. À quelques mètres du rond-point Mers Sultan, à Casablanca, un petit café, au rez-de-chaussée d'un vieil immeuble, est devenu l'un des hauts lieux des fans de la «Chicha». Le café, qui ne sert que le narguilé depuis trois ans, est arrivé à fidéliser une clientèle dont la gent féminine est majoritaire. Des femmes d'âges différents y viennent pour fumer leurs «Chichas» et passer en moyenne 1h30 dans ce café qui ne désemplit presque pas. Le serveur avoue que ce lieu est fréquenté de plus en plus par de jeunes femmes. «En solo ou en compagnie, elles ont choisi notre café parce qu'il offre une ambiance calme», dit-il, tout en prenant soin de changer toutes les cinq minutes le charbon mis sur la «Chicha». Ancrée dans les traditions de certains pays arabes tels que la Syrie et l'Egypte, la consommation du «Maâssel» n'a atteint le Maroc qu'au cours de ces dernières années. Marwa, une Syrienne résidente au Maroc, affirme que le narguilé est fumé, au Moyen-Orient, dans un cadre familial : «contrairement à ce qui se passe ici, la «Chicha» est un moment de plaisir qu'on partage entre les membres de sa famille». Si Marwa se relaxe, souvent chez-elle, grâce à cette sensation procurée à coup d'aspiration et d'inhalation des arômes fruités, Nabila, une Casablancaise de 27 ans, préfère faire escale dans ce café avant de rentrer à la maison. «J'y viens presque chaque jour. Cela fait plus de quatre mois que je fume le narguilé. Il faut dire qu'il est mieux que la cigarette et qu'il a moins d'effets négatifs pour la santé», dit-elle, tout en buvant son thé à la menthe. Car la pipe à eau ne s'accompagne qu'avec le thé. «Si le café va avec la cigarette, les us et coutumes de la «Chicha», par contre, exigent un thé», tranche le serveur de ce café-narguilé. En évoquant le risque de contamination de certaines maladies à travers l'utilisation de plusieurs personnes de la même «Chicha», le propriétaire du café se montre rassurant. Il faut rappeler que la wilaya avait interdit sa consommation pour des raisons de santé et de manque d'hygiène de vie. Des maladies telles que la tuberculose pourraient être propagées à un rythme infernal, d'autant plus que les gens fument la «Chicha» tour à tour. À cet égard, l'expérience égyptienne est à méditer. La partie extrême de la pipe, celle en contacte avec la bouche, est jetable: le fumeur aspire à pleins poumons, sans craindre d'attraper au passage des virus. Une pratique qui ménagerait et les autorités publiques et les propriétaires de ces cafés-narguilés.