«Il faut vraiment donner aux compétences marocaines résidant à l'étranger une voix en tant que conseillers à l'échelle de ministères ou par des représentations parlementaires. Elles doivent s'intégrer dans une vision gouvernementale». Ce message véhiculé, mercredi à Marrakech, par Mohamed Boutjdir, président du Réseau des compétences marocaines aux Etats-Unis (AMCN), est particulièrement intéressant, voire judicieux. Il l'est puisque les MRE ont depuis longtemps exprimé ce souhait. Le 3ème Forum des compétences marocaines aux Etats-Unis d'Amérique, qui se poursuit jusqu'à ce mercredi, est d'autant plus une occasion pour réitérer ce désir. M. Boutjdir, qui s'exprimait en ouverture de cet événement, initié dans le cadre de la 13ème Région MeM by CGEM, ne manque pas de formuler des recommandations. Des compétences pour améliorer la productivité du Maroc Pour le président de l'AMCN, «la productivité d'un pays dépend de l'utilisation des compétences». Il estime également que le Maroc doit capitaliser sur le libre-échange avec les Etats-Unis. D'ailleurs, avec un volume global de 33,8 milliards DH en 2017, les Etats-Unis sont le 4ème fournisseur du Royaume (26,01 milliards DH) et son 5ème client (7,79 milliards DH). Par l'occasion, M. Boutjdir, qui précise que les MRE aux Etats-Unis représentent –2% et plus de 40% des compétences, n'hésite pas à rappeler la disposition de celles marocaines à participer au développement de leur pays d'origine. Pour sa part, Mohamed El Gharass, secrétaire d'Etat chargé de la formation professionnelle, répond aux préoccupations de la diaspora en termes de déploiement des compétences. «Notre mission consiste à travailler avec les différents partenaires pour assurer que la formation répond aux besoins du marché de l'emploi», indique-t-il. Les propositions de la CGEM aux MRE Egalement de la partie, Adil Zaidi, président de la 13ème Région MeM by CGEM, qui rappelle que celle-ci offrira un réseautage et une intermédiation de haute qualité, saisit son passage pour adresser des propositions aux Marocains présents à l'événement. «Nous vous demandons de venir au Maroc, d'y monter des projets et d'aider les entreprises marocaines. Le Maroc a besoin de vous pour son développement», avance-t-il. M. Zaidi a également une pensée au continent. «L'Afrique a également besoin de vous», enchaîne le président qui rappelle que la diaspora marocaine de par le monde comprend 200.000 entrepreneurs. A eux seuls, les Marocains résidant aux Etats-Unis, dont le nombre est estimé à plus de 150.000 personnes, comptent parmi les communautés qui ont un profil d'éducation très élevé puisque 41% parmi eux détiennent des diplômes de 3ème cycle universitaire et 21% sont des cadres. Les préoccupations de Benatiq Pour sa part, le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, Abdelkrim Benatiq (voir entretien) s'est également posé des questions. «N'est-il pas temps de s'interroger autour de notre mobilisation pour la promotion de nos produits dans les marchés américains ? Quels seraient les produits prometteurs? C'est à travers vous que nous voulons le faire», s'interroge-t-il en s'adressant aux MRE présents à l'événement. «Le Maroc a besoin de votre expertise sur le terrain», enchaîne le ministre. M. Benatiq évoque par l'occasion l'organisation du Forum mondial de la migration, avec une co-présidence allemande, et la conférence internationale sur la migration en décembre prochain à Marrakech. Il rappelle également des données chiffrées. Ce sont, comme il le précise, 50 millions de migrants qui sont clandestins sur les 260 millions migrants. De par le monde, 32 millions de migrants sont africains. 16 millions de migrants ont choisi la migration au sein du continent. «50.000 migrants sont intégrés au Maroc et 7.600 enfants migrants sont scolarisés au Maroc et ont atteint le niveau du collège», poursuit M. Benatiq qui ne manque pas de louer la vision du Souverain en matière de migration.