Les voisins de l'Irak ont tenu le week-end une réunion consacrée à la sécurité régionale. Le conférence a été boudée par le gouvernement mis en place à Bagdad par les Américains. Les ministres des Affaires étrangères de Syrie, Turquie, Iran,Jordanie, Arabie saoudite, Koweït et Egypte ont néanmoins invité leur homologue irakien qui n'a pas donné suite. La Syrie n'a donné aucune précision sur la réunion qui devait en principe porter sur la situation politique et de sécurité en Irak et ses répercussions sur la région. La rencontre, la première du genre depuis la chute du régime de Saddam Hussein, semblait mal partie avant même d'avoir débutée. Donnant le ton de la réunion, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères syrien a déclaré : «qu'il est naturel que la réunion se préoccupe des difficultés du peuple irakien et tente de trouver les moyens de mettre fin à l'occupation. Plusieurs hauts responsables américains continuent de soupçonner la Syrie de ne pas lutter efficacement contre le transit par son territoire de terroristes islamistes se rendant en Irak, de cacher ou de fermer les yeux sur un trésor de guerre de Saddam Hussein et d'avoir reçu des armes irakiennes de destruction massive avant le début de la deuxième guerre du Golfe. La Syrie est depuis toujours le point de mire de Washington, accusée aussi de donner refuge à des «terroristes». Ayad Allaoui, chargé des questions de sécurité intérieure irakienne, négocie actuellement un accord avec les États voisins de l'Irak (Syrie, Iran et Arabie saoudite) dans l'espoir de sécuriser les frontières et empêcher l'infiltration d'activistes étrangers. À propos de ces derniers, il avance que l'organisation islamiste Ansar-al-Islam, dont la base implantée au Kurdistan a été bombardée par les Américains au printemps dernier, serait plus active que jamais. Désormais présente à Bagdad, elle compterait « 600 à 800 combattants » dont plus de la moitié recrutée en dehors de l'Irak. « Ce sont des gens venus de Syrie, d'Arabie saoudite, du Pakistan et d'Afghanistan»,explique-t-il. Ansar al-Islam ne serait qu'un groupe parmi tant d'autres. «De très hauts responsables d'al-Qaïda» se trouveraient aussi en Irak depuis la fin de la guerre d'Afghanistan. Cette présence est régulièrement invoquée par des responsables de l'Administration Bush pour justifier l'occupation de Bagdad. Mais, de nombreux experts du terrorisme mettent en doute ces affirmations. Ils estiment que les idéologies radicalement opposées de Saddam Hussein et d'Oussama Ben Laden, nationalisme socialisant et laïc d'un côté, intégrisme islamiste de l'autre, rendaient impossible toute coopération. La période qui a précédée l'invasion de l'Irak a été marquée par des manœuvres de désinformation, dont certaines assez grossières, comme la production de fausses lettres censées prouver que l'Irak tentait d'acheter de l'uranium en Afrique afin de produire des armes nucléaires. Aujourd'hui, il faut faire preuve d'imagination et trouver mieux, qu'une supposée alliance entre Saddam Hussein et Oussama Ben Laden est toujours en œuvre en Irak, pour espérer convaincre des opinions devenues méfiantes . D'autant plus que la guerre d'Irak apparaît aujourd'hui comme une opération commerciale juteuse. Un rapport d'un centre de recherche américain souligne que les sociétés ayant soutenu financièrement George Bush lors de son élection figurent parmi les mieux servies en Irak et en Afghanistan pour les contrats de reconstruction. La plupart de ces contrats n'ont pas donné lieu à des appels d'offres du pentagone, du Département d'Etat ou de l'Agence américaine pour le Développement international. Les industriels américains de l'armement ont, eux aussi, énormément profité de la guerre : Boeing, Northropo Grumman, Lockheed Martin, Raytheon, etc,... Certain parmi ces compagnies, ont pu passer d'une perte l'an dernier à un bénéfice net au troisième trimestre de cette année, grâce à une hausse de plus de 50 % de leurs ventes. Dans leurs communiqués de presse, ces sociétés se gardent bien de lier explicitement la santé retrouvée de leurs activités d'armement avec les opérations militaires américaines en Irak. Et, l'avenir semble prometteur car, le budget du Pentagone n'est pas prêt à baisser.