Un escroc sexagénaire et un fonctionnaire de la Conservation foncière à Casablanca ont été arrêtés pour avoir vendu frauduleusement des lots de terrains qui ne leur appartenaient pas. D'autres mis en cause, dont un notaire, demeurent toujours en fuite. Ils disposent d'un héritage qu'ils décident de partager. Les frères et sœurs ont entamé les procédures nécessaires pour que chacun d'eux perçoive la part que la loi lui attribue. Un lot de terrain d'une superficie de 750 m2, situé au quartier Al Madrassa, à Casablanca en est une partie qu'ils doivent partager. Pour avoir plus d'informations, l'une des sœurs s'est adressée à la Conservation foncière. Quel est le titre foncier et la superficie exacte du terrain en question ? Elle a demandé une copie de ces documents. Seulement, le fonctionnaire à qui elle s'est adressé l'a scrutée curieusement avant de lui demander s'ils étaient certains d'être toujours propriétaires du lot de terrain. « Mais oui, bien sûr, nous l'avons hérité et nous voulons le partager », répond la sœur qui s'est chargée de la recherche auprès de la Conservation foncière. Le fonctionnaire l'a dévisagée avant de lui annoncer la mauvaise nouvelle : « Ce lot de terrain a déjà été vendu à un tiers madame, en voici la preuve », lui a-t-il expliqué, avant de se pencher sur d'autres dossiers et de servir d'autres citoyens. Perplexe, la femme s'est plantée sur place, ne sachant ni quoi dire ni quoi faire. Qui l'a vendu et qui l'a acheté ? Sur la base de quels documents l'a-t-il confié à un tiers ? Des interrogations en vrac qui lui ont martelé la tête. Elle s'est adressée une fois encore au même fonctionnaire pour lui demander les noms du vendeur et de l'acheteur. Il les lui a donnés. Sans perdre de temps, elle a téléphoné à son frère et l'a informé de la drôle de tournure prise par les événements. Tous les héritiers ont été alertés et une plainte a été déposée auprès de la brigade urbaine de la police judiciaire de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ. Aussitôt les éléments de la troisième section judiciaire ont pris l'affaire en main et ont lancé des investigations minutieuses, qui se sont soldées par l'arrestation de Mohamed M., âgé de soixante-quatre ans, originaire de Tanger. Ce dernier guettait les terrains vagues, abandonnés depuis des années et auxquels personne ne semblait s'intéresser. Il guettait aussi les lots de terrain objets de litige entre héritiers ou qui ont été abandonnés par leurs propriétaires habitant hors de Casablanca, soit dans une autre ville, voire même hors du Maroc. Après quoi, il s'adressait à la Conservation foncière pour en chercher les titres. En connivence avec un fonctionnaire de cet établissement public, Mohamed arrivait facilement à se procurer les documents. Le fonctionnaire en cause, arrêté également par les limiers de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ, recevait des pots-de-vin pour services rendus. Mohamed M., par la suite, les falsifiait minutieusement. Pour que les documents falsifiés ne mettent pas la puce à l'oreille de personne, M.Mohamed recourait à des fonctionnaires d'autres arrondissements qui n'hésitaient pas à le servir en contrepartie de sommes d'argent. Après quoi, il chargeait un notaire de mettre le lot de terrain en vente. Une fois vendu, M. Mohamed lui versait des sommes exorbitantes pour son silence puisqu'il était également au courant de ses malversations. Les éléments de la troisième section judiciaire de la brigade urbaine de la police judiciaire de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ sont arrivés également à dévoiler une autre opération d'escroquerie par le biais de vente d'un terrain situé à Aïn Diab, à Casablanca et qui n'appartenait pas au vendeur. Ce terrain, qui appartient à une ressortissante française, a été vendu à un prix très important puisqu'il est situé dans l'un des quartiers les plus huppés de la capitale économique. Les policiers, qui ont travaillé jour et nuit sur cette affaire, continuent encore leurs investigations pour identifier tous les complices de Mohamed et les mettre hors d'état de nuire. L'enquête se poursuit pour arrêter au moins le notaire et les autres fonctionnaires de l'arrondissement qui ont déjà été identifiés, mais qui se sont volatilisés dans la nature. L'enquête se penche également sur la révélation des fausses opérations de vente de terrains qui n'appartiennent pas au vendeur à travers Casablanca en se basant sur des faux documents. L'auteur principal de cette escroquerie dont une affaire similaire a été débattue, il y a plusieurs mois par un tribunal casablancais et le fonctionnaire de la Conservation foncière arrêté ont été traduits devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Pour leur part, les autres mis en cause impliqués dans ce dossier et qui sont encore en fuite, sont activement recherchés par les limiers de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ.