Après une longue relation de bon voisinage et d'entente, deux familles arrivent au summum de la discorde pour que l'amour cède la place à la rancune et à la vengeance. Nous sommes à Kasbat Tadla et plus précisément au douar Ouled Youssef. Les deux familles, Al Ayachi et Bouâzza, ont une bonne réputation au douar et constituent un exemple de bon voisinage et d'entente. Tous les habitants du douar les considèrent comme deux familles de frères et sœurs. En plus, une relation amoureuse commence à voir le jour entre la fille de la famille Al Ayachi, H'lima, dix-huit ans, et le fils de la famille Bouâzza, El Maâti, vingt-huit ans. Mais chaque médaille a deux revers. Les années passent et le douar commence à passer par une période climatique critique. La majorité des puits se sont séchés, sauf un seul qui ne suffit pas aux besoins des deux familles en même temps. L'entente et le bon voisinage commencent à se dissiper. Chacune des deux familles prétend avoir, seule, le droit de s'approvisionner en eau de ce puits. Les plaintes à la commune rurale se succèdent et la relation entre elles arrive au summum de la déchirure. Et la ligne rouge commence à être dépassée. Des plaintes à l'échange d'invectives, aux bagarres par les mains puis par les armes blanches. Conséquence : des blessés dans les deux camps et l'amputation par une faucille d'un doigt et d'une mamelle de la mère d'El Maâti. Et la relation entre H'lima et El Maâti ? Ils ne se rencontrent plus. Pire encore, l'un évite l'autre en croisée de chemin. Mais quelle mouche a piqué El Maâti, ce jour de septembre, pour qu'il guette H'lima? H'lima ne sait rien. Mais elle est surprise quand elle est sortie de chez elle par El Maâti qui la suivait. Il avance vers elle, lui demande une seconde pour lui parler. Elle ne lui répond pas. Il insiste. Elle refuse. Il renonce et rebrousse chemin. Le lendemain, il l'attend une fois encore. Elle sort de chez elle et il la suit. Seulement cette fois, elle ne manifeste aucun refus. Elle avance quelque dizaines de mètres pour se tenir devant lui, lui lance un regard plein de passion. « Je t'aime encore H'lima et j'ai encore l'intention de te demander en mariage bien que nos familles refusent… », lui exprime-t-il avec chagrin. « Mais ma mère n'acceptera pas, surtout que mon frère a déjà blessé ta mère avec une faucille… », lui répond-elle. El Maâti baisse la tête, puis la relève et l'interroge : « Mais qu'est ce que nous avons à voir dans cette affaire toi et moi ? » Elle n'a pas de réponse. Elle se contente de l'examiner comme si elle cherche la crédibilité de ses paroles à travers ses yeux. Il lui demande de se rencontrer le lendemain pour se revoir sur le même lieu. Le lendemain, ils se rencontrent. Les paroles mielleuses commencent à couler de la langue d'El Maâti au point que les sentiments de H'lima ressuscitent comme au premier jour. « Comment allons-nous dépasser ce problème qui oppose nos familles ? », s'interroge-t-il. Elle garde le mutisme. D'un pas à l'autre, ils avancent jusqu'à ce qu'ils arrivent dans un lieu désert où il n'y a personne. Là, il devient une autre personne. Il l'attrape, lui demande d'enlever ses habits. Elle refuse. Il brandit un couteau, la menace. Elle le supplie. Il la saisit violemment et lui affirme : « Je vais te déflorer soit de ton plein gré soit avec force… Si ton frère a amputé le doigt et la mamelle de ma mère moi je vais amputer ton honneur… ». H'lima craint qu'il passe à l'irréparable et obtempère. Il l'a violée sans clémence et l'a abandonnée sur les lieux. Le lendemain, il a été arrêté et déféré devant la chambre criminelle près la cour d'appel de Béni Mellal. Bien qu'il risque une peine allant jusqu'à cinq ans, il ne manifeste aucun regret.