La misère, la polygamie et le soupçon ont transformé Lahcene l'assassin de son enfant de trois ans, au Douar Ouled Ahmed, Dar Bouâzza. Il est condamné à la perpétuité. Le président de Chambre criminelle près la Cour d'Appel de Casablanca ouvre le dossier et regarde Lahcen comme s'il le prépare à écouter ce lourd verdict : la perpétuité. Lahcen s'effondre. Sa mère crie fortement au point que la majorité de l'assistance à la salle n°7 sursaute. Ses deux femmes sortent de la salle sans une seule larme aux yeux. Personne ne peut conclure si elles sont heureuses ou malheureuses. Les policiers qui veillent sur la sécurité de la salle le saisissent par les épaules et l'emmènent vers la geôle de la Cour d'Appel. C'est un jour de 1967 qu'il est né au douar Amragh, commune Aglou, Caïdat Ouled Jerrar, préfecture de Tiznit. En 1986, il a abandonné ses études à un niveau de la 9ème année d'enseignement fondamental. Il ne rêvait que de Casablanca. Il a été absorbé par cette ville"blanche". Il a travaillé dans une société de construction, puis gardien d'une villa. C'est là où il a noué une relation amoureuse avec Mina, née en 1975. Elle a quitté son douar l'Âounate, province d'El Jadida pour servir une famille casablancaise depuis l'âge de six ans. Ils ont convolé en justes noces et loué une chambre au quartier Oukacha. Ils ont passé ensemble trois ans avec conciliation et harmonie. Mais elle ne savait quel diable l'a possédé. Il est devenu très méchant et cruel. Il la rouait presque quotidiennement. Une femme du quartier lui apprend : "J'ai vu ton mari avec une femme au centre-ville". Mina n'a rien dit à Lahcen. Elle l'épiait jusqu'au jour où elle l'a surpris avec Zahra. Elle s'est révoltée et a appelé la police. Seulement au commissariat, Lahcen a décliné son acte de mariage. Zahra est née en 1977 au douar Ouled Âmer, province de Kénitra. Elle est bonne chez une famille, qui demeure dans une villa mitoyenne à celle où travaille Lahcen. Ils se sont mariés après une relation de quelques mois. Ils ont loué une chambre à Lissasfa. Mina a quitté sa demeure conjugale, se refuge dans la rue, demande l'aumône, dort à la belle étoile. Elle devient une SDF tout court. Lahcen oublie Mina et s'habitue à Zahra. Leur enfant, Youssef orne leur vie. Les jours passent et les problèmes émergent. Lahcen chasse Zahra de chez lui. Il ne veut plus d'elle et de son enfant de trois ans. Il l'accuse d'adultère. Zahra se refuge chez son beau-frère au douar Ouled Ahmed, Caïdat Dar Bouâzza, préfecture de Hay Hassani-Aïn Chok. Le 9 décembre 2000, vers 20h, Lahcen se dissimule dans une fosse près du domicile de son frère. Vers 22h, il se rend compte d'une voiture qui s'arrête. Sa femme y descend. Le cœur de Lahcen bat très fort. Il reste dans la fosse jusqu'à 1h 30mn du lendemain. Il escalade un poteau, s'introduit à la maison où ne règne que l'obscurité, se plante près d'une chambre. Zahra fut surprise. Il l'attrape, un couteau à la main. Elle crie et arrive à s'enfuire. Il se rend à la chambre à coucher, saisit son enfant, Youssef. Il ne pensait qu'à la vengeance par n'importe quel moyen. Il égorge l'enfant et prend la poudre d'escampette. Il passe le reste de la nuit à penser au suicide. Mais il n'y est pas arrivé. Deux jours plus tard, il a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie Royale.