Prenant fin ce mercredi, la visite d'Etat du Roi Juan Carlos et de la Reine Sofia au Maroc a été marquée, mardi à Rabat, par le discours historique prononcé par le Souverain espagnol devant les députés marocains. Compte-rendu. Très attendu, le discours de SM le Roi Juan Carlos devant les deux Chambres du Parlement a honoré toutes ses promesses. Un discours qui figure parmi la longue série d'activités inscrites dans le programme de la visite d'Etat au Maroc du Roi d'Espagne et la Reine Sofia (17-19 janvier). L'intervention mardi dans la matinée du Souverain espagnol a d'abord été marquée par l'accueil chaleureux qui lui a été réservé par des députés et conseillers marocains, plus présents et plus attentifs que jamais. Plus qu'une première dans les annales de la vie parlementaire nationale, l'événement se distingue également par son fort contenu politique, le Parlement étant le véritable thermomètre de l'évolution démocratique d'un pays. Dans son introduction de bienvenue, le président de la Chambre des représentants, Abdelouahed Radi a souligné la place remarquable dont jouit SM le Roi Juan Carlos en considération du rôle qu'il a joué dans le renforcement des institutions démocratiques dans son pays. Une considération partagée également par le peuple marocain et ses représentants dont le Souverain espagnol a souligné le rôle présent et à venir dans la préservation et la mise œuvre des acquis démocratiques du Maroc. Saluant le «lien privilégié» unissant l'Espagne et le Maroc, tant pour «l'histoire commune» qu'ils partagent que pour «l'avenir partagé» à construire, le Souverain a également rappelé l'héritage de la civilisation arabo-andalouse. Le Roi Juan Carlos a dit sa «profonde émotion» de s'exprimer devant les élus marocains. Il s'est félicité de la récente intensification des relations entre les deux pays, citant notamment la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine. Evoquant le Sahara marocain, le Souverain espagnol a dit «l'intérêt particulier» de son pays à un «rapprochement des positions en vue de parvenir à une solution consensuelle, juste, définitive et négociée par toutes les parties concernées dans le cadre de la légalité internationale et des efforts des Nations Unies». Qualifiant d'historique le discours du Souverain espagnol, Mustapha Oukacha, président de la Chambre des conseillers, a clos cette séance doublement exceptionnelle en soulignant la charge émotionnelle de ce discours. Une émotion qui donne suite à toutes celles qui ont accompagné le séjour au Maroc du couple royal, marqué le même mardi par la visite qu'a rendue le couple royal au Mausolée Mohammed V à Rabat où ils se sont recueillis sur les tombes de feu SM Mohammed V et de feu SM Hassan II, auquel le Roi Juan Carlos été liés par de forts sentiments d'amitié. La veille, au Palais Royal de Marrakech, un dîner officiel a été offert par SM le Roi Mohammed VI en l'honneur de Leurs Majestés. Un dîner lors duquel le Souverain s'est félicité du «bilan largement positif» de la coopération maroco-espagnole, qui «consacre l'Espagne en tant que partenaire économique privilégié du Maroc». Le Souverain s'est également félicité des progrès accomplis au niveau de la coopération en matière de prévention et de lutte contre l'immigration clandestine avec l'efficacité souhaitée des deux côtés. Le Souverain s'est d'autre part réjoui de la coopération étroite des deux pays dans la lutte internationale contre le fléau du terrorisme ou à travers le déploiement d'un contingent conjoint à Haïti, sous l'égide des Nations Unies. S'exprimant à cette même occasion, SM le Roi Juan Carlos 1er d'Espagne a salué pour sa part les réformes menées au Maroc, en vue de «faire du Maroc une société moderne et démocratique, respectueuse des droits humains». Il a cité, à titre d'exemple, l'entrée en vigueur du Code de la famille. Concernant la lutte contre le terrorisme, SM le Roi Juan Carlos 1er a salué «vivement la collaboration efficace et le soutien ferme manifesté par les autorités marocaines contre le terrorisme». Il a rappelé à ce sujet les attentats de Casablanca en mai 2003 et de Madrid en mars 2004, ce qui, a-t-il dit, «nous incite à continuer d' œuvrer ensemble pour mettre fin au terrorisme et garantir le droit à la vie». S'agissant de la nouvelle politique de voisinage européenne, le Roi Juan Carlos 1er a affirmé que cette politique «constitue une occasion pour atteindre l'objectif auquel le Maroc aspire légitimement, à savoir l'obtention d'un statut avancé avec l'Europe, au delà de l'accord d'association». Il a assuré que l'Espagne «sera le meilleur avocat» de cette relation stratégique qui garantisse l'ancrage du Maroc à l'Europe et réponde aux aspirations du Royaume à «tirer profit au maximum de cette nouvelle politique de voisinage». Après une rencontre prévue ce mercredi matin à Marrakech avec des entrepreneurs espagnols et marocains, Juan Carlos devrait également se rendre à Tanger où il rencontrera les membres du comité Averroes, une structure de coopération culturelle maroco-espagnole. L'étape de Tétouan, où le Souverain espagnol devait inaugurer le lancement des travaux de réalisation de l'Université maroco-espagnole a été annulée. En l'absence de réponses claires, on devrait se contenter de savoir que le voyage a été annulé pour des raisons d'agenda. Placée sous le signe des retrouvailles, cette visite d'Etat est la première effectuée par Juan Carlos depuis 1979.