Emmenée par le professeur Hakima Himmich, la coalition nationale contre l'accord de libre-échange a fait récemment œuvre utile auprès des députés. Ces derniers furent sensibilisés sur les dangers que représenterait l'accord de libre-échange signé entre le Maroc et les Etats-Unis "sur l'accès aux produits de santé au Maroc". Emmenée par le professeur Hakima Himmich, la coalition nationale contre l'accord de libre-échange a fait récemment œuvre utile auprès des députés. Ces derniers furent sensibilisés sur les dangers que représenterait l'accord de libre-échange signé entre le Maroc et les Etats-Unis “sur l'accès aux produits de santé au Maroc“. Distribué aux représentants de la nation, un document de 9 pages, rédigé en français et en arabe, explique par le menu les diverses clauses de l'ALE qui menaceraient le secteur des médicaments et des soins “dans les pays en développement“. Le texte de Mme Himmich , reprenant un jargon médical et commercial presque abscons, n'est pas lisible pour le commun des parlementaires. Entre des expressions comme “exclusivité des droits sur les données“, les “licences d'office“ et l'accent mis sur les brevets, il faut lire et relire les paragraphes et les encadrés pour pouvoir percer le non-dit. Sous couvert de défense du droit des malades à l'accès aux remèdes, tout laisse à croire que les rédacteurs du document s'érigent dans le fond en avocats des intérêts de l'industrie pharmaceutique au Maroc. Celle-ci brasse plusieurs milliards de Dhs par an avec des marges bénéficiaires phénoménales par le seul fait de fabrication de génériques sans que cela lui coûte un centime en termes de recherche. À quoi il faut ajouter le problème de la qualité de la matière première qui entre dans la confection du médicament en raison de son importation des pays de l'Asie du sud-est où elle est de faible teneur. En vertu des dispositions de l'ALE dans ce domaine, n'importe quel laboratoire installé au Maroc qui veut “enregistrer une version générique avant la fin de ces cinq années“ réglementaires “devra refaire les essais cliniques“. Hakima Himmich s'en émeut puisqu'elle trouve que cela “sera coûteux, prendra du temps et sera non éthique“. Évidemment, cette situation n'arrange pas les affaires de l'industrie locale qui est forcée désormais de consentir quelques investissements dans la recherche, l'infrastructure et les ressources humaines pour pouvoir fabriquer des génériques qui, espérons-le, seront plus efficaces qu'ils ne le sont aujourd'hui . Une chose est sûre : l'accord de libre-échange liant le Maroc aux Etats-Unis dans son aspect relatif au pharmaceutique va réduire de manière drastique les profits réalisés par les laboratoires marocains. Ces derniers, qui ont pris l'habitude d'entourer leurs activités d'une discrétion à toute épreuve, sont appelés à se repositionner pour faire face à la concurrence de médicaments beaucoup moins chers et de qualité meilleure venus d'Amérique, d'Europe et d'Inde pour le grand choix des consommateurs. C'est cette menace extérieure qui guette réellement les industriels marocains. Dans cette histoire, manifestement de gros sous, les malades ont, bien entendu, bon dos.