Après leur quart d'heure syndical, les députés frondeurs du MNP-MP et du RNI se sont rabibochés avec leurs leaders respectifs. Un vrai guignol. Les événements dramatiques consécutifs aux intempéries qui se sont abattues comme une malédiction sur le pays et les saccages provoqués par l'incendie de la Samir ont relégué au second plan le débat parlementaire sur la déclaration de politique générale. Au moment même où les différents chefs de groupes se relayaient à la tribune pour commenter d'un air savant le programme gouvernemental, le Maroc “d'en bas“ était mis à rude à épreuve par des catastrophes d'une grande ampleur. Le pays tout entier qui découvre de nouveau qu'il est très vulnérable dès que la nature se met un peu en colère. Les catastrophes naturelles et les sinistres provoqués par la négligence humaine (le cas de l'incendie de la Samir) interpellent au plus haut point le nouveau gouvernement de Driss Jettou. On ne peut plus faire comme si les ravages des intempéries étaient une espèce de fatalité qui ne pouvait susciter que la résignation. Ces drames en cascade ont occulté aussi la nouvelle donne au sein de la majorité dont certains groupes (MP-MNP et RNI notamment) qui ont décidé, après un moment de fronde, de rentrer dans les rangs. Les contestataires se sont réconciliés avec le directoire de leurs partis respectifs. Les députés de la mouvance populaire ont trouvé dans la rencontre avec leurs leaders, Mahjoubi Aherdan et Mohand Laenser, un excellent exutoire. Ils ont lavé leur linge sale en famille après avoir été tentés de le faire sur la place publique. Une fronde “responsable“ selon l'expression d'un élu du MP destiné à “montrer à nos chefs que nous existons“ et que l'époque des godillots est bel et bien finie. Même Mohand laenser, du haut de son ministère de l'agriculture, s'est payé son quart d'heure syndical en abondant dans le sens critique des siens. “ En d'autres temps, a-t-il susurré, on exigeait de nous de soutenir le gouvernement sans même qu'on soit invités à y siéger“. En d'autres termes, estimez-vous heureux que le MP ait obtenu cette fois-ci un label de reconnaissance en étant associé aux affaires du pays. Mahjoubi Aherdan, qui a retrouvé à l'occasion une seconde jeunesse, était le plus mordant avec son style sans fard ni fioritures. Écoutez-le : “ Arrêtons (la famille populaire) de nous diviser et de multiplier. D'ailleurs, toutes les scissions subies par notre mouvance ont émané d'une fronde parlementaire“. Et de se tourner vers Mohand Laenser : “ Toi aussi, tu l'as fait et tu es rentré au gouvernement“, allusion faite à l'OPA de Laenser sur le MP en 1986. Les scissions en question avaient toutes comme soubassement une frustration liée à la ministrabilité. Le chef accusé par ses députés de ne pas les “avoir fait accéder “ à l'apparat gouvernemental. La mouvance cuvée 2002 a, semble-t-il, appris la leçon. Au lieu de continuer à s'étriper, elle a décidé de se préparer activement aux prochaines échéances municipales et en renforçant le rapprochement opéré entre les deux mouvements. Du côté du RNI de Ahmed Osman, c'est le même scénario qui a prévalu. Les représentants des députés contestataires, réunis en présence de leur leader avec les membres du bureau exécutif et des ministres du parti, ont fait persque amende honorable. En termes crus, ils se sont couchés. Mais la manière est un brin subtile. “ Ce n'est pas votre légitimité de président que nous contestons mais la façon dont vous avez mené les négociations avec Driss Jettou“, ont-ils dit à l'adresse de M. Osman, impassible comme à son habitude. Avant d'ajouter. “ D'ailleurs, nous ne sommes pas contents des portefeuilles que notre formation a obtenus“. Le RNI, de par sa force arithmétique, aurait pu prétendre à plus et à mieux. Qu'en pense Taïeb Rhafès, le titulaire de la Pêche ? Apparemment, rien du tout. Il est ministre et cela lui suffit. Les chemins de la minsitrabilité, tout comme les voies marines ou maritimes, sont insondables. Quant à Driss Jettou, il peut être rassuré sur sa majorité après avoir connu une période d'incertitude. Un moment on a pris peur pour l'avenir de son exécutif. Mais la peur suscitée par l'incendie de la Samir était de loin la plus forte…