Gérées par une loi de 1997, les régions attendent toujours la sortie des décrets d'application. Malgré un budget modique, certaines d'entre elles réussissent à réaliser des projets d'envergure. La création de la région instituée par la Constitution, s'inscrit dans le cadre de la politique de décentralisation, un choix stratégique pour le Maroc. Après avoir été expérimentée dans le cadre du dahir de juin 1971 portant création des régions économiques, elle a été érigée en collectivité locale par la Constitution de 1992. Le conseil régional est ainsi la troisième catégorie des collectivités locales, au-dessus du conseil communal et le conseil provincial et préfectoral. La région est aujourd'hui organisée selon les termes de la loi 47/96, adoptée par la Chambre des Représentants en mars 1997, quelques mois avant les élections locales qui se sont déroulées la même année. Cette loi fixe les compétences et les ressources financières de la région. L'une des principales attributions est sans doute l'engagement d'actions en faveur de la promotion des investissements privés notamment l'implantation de nouvelles zones industrielles et zones d'activité économique. Le Conseil régional élabore, également, le plan de développement économique et social de la région et le schéma régional d'aménagement du territoire. Il propose la création et les modes d'organisation et de gestion des services publics régionaux, notamment par voie de régie directe, de régie autonome ou de concession. Le Conseil donne, par ailleurs, son avis sur les politiques d'aménagement du territoire et d'urbanisme, ainsi que qu'en matière d'implantation des établissements universitaires et des hôpitaux. Face à ces multitudes de prérogatives dont le but est d'assurer une certaine homogénéité et solidarité régionales, faut-il rappeler que les textes d'application de toutes ces dispositions n'ont pas encore vu le jour. En d'autres termes, l'ensemble des régions fonctionne aujourd'hui sur plusieurs aspects selon des us et des coutumes. Malgré cela, certains conseils régionaux ont réussi à concrétiser bon nombre de projets. C'est le cas de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr. Selon le président sortant, Abdelkbir Berkia, " grâce à une équipe engagée et en collaboration avec des Walis sensibles beaucoup plus aux aspects économiques de la région qu'à l'élément sécuritaire, le conseil régional a réalisé énormément de projets". Le plus important d'entre eux est sans doute celui du parc industriel de Aïn Johra (près de Tiflet). Il s'agit d'un terrain d'environ 400 ha "qui transformera complètement le tissu économique et industriel de la région, notamment en créant 72.000 emplois". Plusieurs départements ministériels ont participé à l'élaboration de l'étude de faisabilité de ce projet et la région a bénéficié d'un don de la Fondation Hassan II de l'ordre de 65 millions de DH. Ce n'est pas une zone industrielle classique puisque le parc en question sera appelé à recevoir des sociétés de l'industrie lourde, car chaque unité peut atteindre les 20 ha. Pour concrétiser ce projet d'envergure, la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs a sollicité le soutien de la région française du Rhône-Alpes et de la région italienne du Piémont. "Chacune des deux ayant investi, en études, environ 1,5 million d'euros", assure Berkia. Par ailleurs, la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs, soutient en permanence les efforts de 250 associations dans le domaine culturel, sportif et social. A noter que les budgets alloués aux régions demeurent particulièrement maigres. La loi 47/96 a institué un certain nombre de taxes au profit des régions. C'est le cas par exemple de la taxe sur les permis de chasse, la taxe sur les services portuaires et la taxe additionnelle à la taxe d'édilité, et la taxe additionnelle à la taxe communale sur l'extraction des produits de carrières. En tout cas, le budget d'une région comme celle de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs ne dépasse guère les 35 millions de DH. Des régions comme Agadir et Casablanca, grâce à la taxe sur les services portuaires atteignent des budgets d'environ 90 millions de DH. "Avec ces budgets, il nous est difficile de traiter avec des régions européennes qui pèsent des milliards d'euros", reconnaît Berkia.