Détecteurs de particules, images satellite, radars, capteurs et caméras constituent l'arsenal technologique de la mission onusienne. Washington soupçonné d'être un obstacle majeur à son travail. Baghdad restitue des archives volées au Koweït. La reprise effective des inspections des Nations unies en Irak commence ce mercredi. De retour à Baghdad, après quatre ans d'absence, les inspecteurs en désarmement de l'ONU disposent de nouveaux outils sophistiqués pour détecter des indices tels que microbes et molécules pouvant trahir l'existence d'armement nucléaire, bactériologique ou chimique. Les inspecteurs ont à leur disposition un réseau de surveillance associant détecteurs de particules, images satellite, radars, capteurs et caméras. Tout ce matériel est acheté par les rentrées du pétrole irakien. Les sites irakiens seront contrôlés avec des détecteurs de rayons gamma. Jusqu'à 700 caméras seront installées dans les sites suspects et répercuteront des images en temps réel au siège de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), à Vienne. Un radar capable de voir dans le sol sera utilisé depuis un hélicoptère ou un drone, pour traquer les armes enterrées et les bunkers souterrains. Les inspecteurs à la recherche d'agents pathologiques utiliseront des appareils portables pouvant détecter neuf armes biologiques différentes en 20 minutes, grâce à un procédé consistant à soumettre des échantillons à un bain chimique. Toute cette logistique n'a de sens que si les parties prenantes étaient décidées à jouer loyalement le jeu. Si Baghdad, par exemple, est déterminé à cacher une partie de son arsenal, les inspecteurs auront plus de mal à découvrir certains programmes militaires illicites que d'autres. Il ne faut pas, non plus, que Washington se serve de la nouvelle mission d'inspection onusienne pour justifier une intervention militaire en Irak ou pour rassembler des informations pour renverser Saddam Hussein. Pour l'ancien inspecteur en désarmement de l'ONU, Scott Ritter, l'attitude américaine va représenter l'obstacle majeur au travail des inspecteurs. Il demande à ces derniers de se méfier de toute interférence de la part des autorités américaines. «Je suis profondément préoccupé par le fait que les Etats-Unis vont utiliser les inspections comme un moyen non seulement de justifier la guerre, mais aussi de se donner les moyens de la gagner en recueillant les informations les plus secrètes ayant trait à la sécurité de Saddam Hussein», a dit Scott Ritter. L'ancien inspecteur de l'ONU ne cesse de dénoncer l'administration Bush comme uniquement intéressée par le renversement de Saddam Hussein et ne se préoccupe qu'accessoirement du désarmement effectif de l'Irak. Dénonçant la surenchère sur l'armement irakien de destruction massive, M. Ritter affirme que lorsque lui et l'UNSCOM ont quitté Baghdad en décembre 1998, la totalité du programme nucléaire irakien avait été démantelée, ainsi que 90% à 95% du reste de son l'arsenal. Les Irakiens s'opposeront à toute agression des Américains, a affirmé lundi le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan le jour de l'arrivée de l'avant-garde des inspecteurs en désarmement de l'ONU. «En coopérant avec la résolution 1441 du Conseil de Sécurité, l'Irak a voulu dévoiler au monde entier le complot diabolique des Etats-Unis», a déclaré M. Ramadan pour qui «Washington cherche à étendre son hégémonie sur toute la région et à défendre les intérêts des sionistes et non pas à débattre de prétendues armes de destruction massive». Les Etats-Unis avaient menacé d'utiliser la force si les Nations unies n'étaient pas en mesure de désarmer l'Irak. Ce dernier a exprimé à maintes reprises son inquiétude de voir l'Administration Bush tirer prétexte des difficultés qui peuvent surgir éventuellement au cours des inspections pour déclencher une frappe d'envergure pour renverser Saddam Hussein. Sur un autre plan, la restitution par l'Irak au Koweït d'archives dont il s'était emparé lors de l'occupation de l'Emirat a été qualifiée de «positive» par le gouvernement koweïtien. Les Américains évoquent régulièrement la non-restitution de ces archives au Koweït comme preuve que l'Irak ne respecte pas ses engagements.